Malgré une campagne européenne volée en France par un duel national, les résultats au niveau continental nous ont donné quelques sujets de satisfaction. Tout d’abord, une participation en forte hausse dans l’ensemble des pays. Je crois pouvoir l’interpréter comme un regain d’intérêt pour ce projet unique au monde qu’est l’Union européenne auquel les peuples paraissent attachés – à l’exception des Britanniques – et dont ils semblent vouloir à nouveau faire quelque chose. La poussée nationaliste moins importante qu’on pouvait le craindre et leur alliance future improbable au Parlement européen renforce cette analyse. Enfin, les programmes des néonationalistes sur les thèmes migratoires et sécuritaires n’ont pas convaincu les électeurs qui ont clairement déclaré comme prioritaires la défense de la planète et la lutte contre le changement climatique avec, dans bon nombre de pays, une percée des partis verts. La prise de conscience du besoin d’une réaction forte semble s’installer. De même, seule une réponse au niveau du continent peut avoir des résultats positifs sur le plan écologique. La mise en œuvre de l’accord de Paris a plus de chances de réussir s’il est porté par cinq cents millions d’individus.

Au niveau du Parlement, l’ère des grandes coalitions semble révolue. Des majorités mouvantes vont se former au gré des sujets et le nouveau Parlement pourrait devenir un lieu d’expérimentation politique transnationale et s’éloigner enfin de cette juxtaposition de politiques nationales qui ralentit son fonctionnement. La capacité d’opposition de la chambre des citoyens européens est trop longtemps restée sous-employée et pourrait s’imposer à la Commission. Afin d’éviter des tensions entre les pays, nous pourrions par exemple donner une légitimité populaire à certaines propositions à travers un Parlement qui tranche plutôt qu’un Conseil où les pays s’affrontent sans trouver de consensus. Faire fonctionner les institutions correctement transformera plus rapidement des idées en réalité politique ou juridique. À moins que l’éclatement politique n’entraîne le gel complet des décisions par faute d’accord. Nous avons trop longtemps intégré l’attentisme comme mode de fonctionnement. Nous nous sommes complu dans le confort d’un continent en paix qui ne nous a pas incités à la prospective.

Aujourd’hui, nous sommes dans une situation où tout peut redémarrer. Toutes les structures traditionnelles dans tous les pays sont ébranlées mais les instruments au niveau européen existent, eux, et n’ont pas changé. Les financements sont disponibles sans aller les chercher à l’étranger comme ce fut le cas dans le passé. L’Europe peut être autonome si elle a confiance en elle. Elle y est forcée pour répondre à la fois à la révolution des opinions qui n’expriment plus d’hostilité au projet européen et à nos concurrents commerciaux tels la Chine et les États-Unis qui œuvrent à nous affaiblir. Notre unité est notre force. Nous avons tous les outils pour avancer et il nous suffit de les utiliser. Une chose est certaine : l’Europe ne peut plus ronronner. Rien ne nous retient sinon nous-mêmes.

Bien à vous,

Hélène Conway-Mouret

Dans le cadre du rapport sur la défense européenne que nous présenterons début juillet à la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, nous auditionnons beaucoup de personnalités à Paris mais nous allons également chez eux au contact de nos partenaires européens.

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Pour la première fois le Président du Sénat s’est rendu en visite officielle au Koweït. J’ai été heureuse de faire partie de sa délégation et passer ainsi deux jours en rencontres et visites de terrain. Notre relation bilatérale souffre d’un manque de visite de haut niveau alors que les échanges commerciaux, tout comme les échanges humains, sont importants et notre relation politique solide.

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