Impossible de quitter Toronto sans visiter le Rdée, le réseau de développement économique et d’employabilité de l’Ontario : ce bureau bénéficie d’un soutien financier du ministère des Affaires étrangère. Il a reçu dans ses locaux 700 jeunes Français en 2013 et en a placé près des 2/3 sur le marché du travail local. Il constate depuis quelques années une évolution du profil de sa "clientèle" française : les conjoints de Français et les "PVTistes stricto sensu" ont été remplacés par un nouveau type d’usagers qui utilisent ce programme comme un moyen d’entrer au Canada pour y acquérir une expérience professionnelle véritable, souvent avec un diplôme universitaire en poche. Certains rencontrent des difficultés en terme de reconnaissance de diplômes à leur arrivée. Le Rdée met alors en place de véritables réseaux de "mentorat". Vous trouverez quelques témoignages de Français passés par ce service sur http://emploitoronto.com/temoignages-videos. Il faut souvent 5 ou 6 mois pour trouver un emploi dans son domaine de compétence. Or, pour valoriser en France une expérience professionnelle acquise à l’étranger, il faut que celle-ci soit d’au moins une année et demi. C’est pourquoi nous devons porter la durée des Permis Vacances Travail (PVT) à 2 ans. Le gouvernement fait le maximum pour traiter en urgence ce dossier, qui doit néanmoins passer par une procédure de ratification législative.
Malgré une tempête de neige, j’ai réussi à prendre le seul vol ayant finalement pu décoller de Toronto pour Québec. A peine arrivée, je me suis entretenue avec Michelle Morin-Doyle, maire suppléante, anglophone devenue francophone. Elle m’a confirmé le rôle joué par la municipalité dans l’orientation des nouveaux immigrants vers les structures existantes en vue de leur intégration rapide. Enfin j’ai pu rencontrer quelques 150 membres de la communauté française de Québec. Avec plus de 10 000 inscrits, cette communauté a doublé en 10 ans. Nombre de nos compatriotes y sont très durablement installés. Les arrangements de reconnaissance mutuelle de qualifications professionnelle entre la France et le Québec y contribuent. Mais les Français sont de loin le premier groupe d’immigrants dans la ville de Québec et sa région.
Discours à l’université Laval de Québec
A Québec, j’ai eu la confirmation que le "réseautage" était bien une composante essentielle de la vie de notre communauté . Une rencontre au consulat avec les principales associations françaises, qui travaillent toutes en étroite collaboration, m’a permis d’en prendre la mesure. Puis une rencontre très interactive avec une centaine d’étudiants, jeune chercheurs, doctorants ou post-doc a été organisée à l’Université Laval de Québec (le CNRS y a noué des liens étroits). J’ai pu constater l’adaptabilité de nos universitaires français, mais aussi combien tous étaient soucieux de maintenir un lien fort avec la France (y compris pour les questions de couverture sociale et de retraite en prévision d’un retour). Un déjeuner à la résidence du consul général réunissait des québécois, notamment entrepreneurs, qui m’ont donné leur perception de la présence française au Québec. Tous on insisté sur la nécessité de l’information des Français en amont de l’expatriation ( d’où l’utilité d’un site comme "Quebecentete.com" visité par 137 000 personnes chaque année), mais aussi sur le surplus d’informations disponibles qui effraie les demandeurs. Un entrepreneur en déménagement a même confié consacrer plus de temps à faire du conseil à sa clientèle, plutôt qu’à son activité principale. Les participants ont insisté sur le besoin d’une approche individualisée, chaque individu ayant un projet différent, ce qui rend la mobilité aussi complexe qu’une embauche.
Vous pouvez lire ici mon discours devant la communauté française de Québec.