La votation suisse sur l’immigration a déclenché une vague de réactions dans les capitales européennes et notamment à Bruxelles, où se tenait lundi le conseil des ministres des Affaires étrangères. Le résultat du vote est préoccupant. A Bruxelles, Thierry Repentin a estimé que la décision des électeurs risquait d’imposer de revoir l’ensemble des accords entre la Suisse et l’Union européenne. Je tiens à rassurer nos compatriotes qui sont 145 000 à se rendre chaque jour en Suisse pour travailler. Au sein de l’UE comme à titre bilatéral, la France sera vigilante.
Je ne peux m’empêcher de constater que les entreprises suisses seraient les premières pénalisées, si l’accord conclu en 1999 avec l’UE était remis en cause pour introduire des quotas pour l’accueil des étrangers sur le territoire, conformément au souhait de 50,3% des électeurs helvètes. Avec un taux de chômage national de 4%, les sociétés suisses ont besoin de la main d’œuvre qualifiée venant notamment de France et d’Allemagne pour contribuer à maintenir la bonne santé économique du pays. Plus de 60% du commerce extérieur de la Suisse se fait avec l’UE. Lors d’éventuelles négociations, mes collègues ministres allemands ne manqueraient pas de rappeler à leurs homologues de Berne que l’Allemagne est le principal importateur du pays. Notons aussi que l’instauration de quotas d’immigration aurait des conséquences non seulement pour le million d’Européens qui travaille en Suisse mais aussi pour les 430 000 Suisses qui vivent dans l’UE. La balle est dans le camp du gouvernement de Berne, qui dispose de 3 ans pour légiférer sur les résultats de la votation mais va devoir préciser ses intentions d’ici cet été, en décidant d’accepter ou de refuser un accord de libre circulation avec la Croatie, 28e membre de l’Union.