Certains disent qu’on assiste actuellement à un accroissement du mouvement d’expatriation des jeunes étudiants fuyant la morosité économique et le chômage. Ils estiment même que nous serions aujourd’hui face à une véritable hémorragie des cerveaux français.
Mais qu’en est-il exactement ? Quelle proportion de Français souhaite aujourd’hui s’expatrier ? Qui sont-ils le plus souvent ? Pour quelles raisons souhaitent-ils s’expatrier ? Combien de temps ont-ils prévu de partir ? Le départ est-il voulu comme définitif ou temporaire ? Quels sont les pays du monde les plus prisés ? Les Français encouragent-ils le départ à l’étranger ? Considèrent-ils que c’est un atout ou un inconvénient pour la France ?
L’étude réalisée par Ipsos pour la Banque Transatlantique dresse un constat contrasté de la situation. Si les Français souhaitent s’expatrier, c’est le plus souvent pour revenir après. Ils estiment aussi qu’il est désormais important, voire indispensable de quitter l’hexagone pour un temps. La majorité considère même que les expatriés sont un atout pour la France. Ainsi, alors même qu’il est souvent reproché aux Français d’être frileux face aux enjeux de la mondialisation, ils se montrent au contraire très enthousiastes vis-à-vis de l’expatriation, estimant même qu’être originaire de France est un atout.
L’enquête a été réalisée du 11 au 14 mars 2014 auprès d’un échantillon de 1006 personnes constituant un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
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Un Français sur cinq souhaite s’installer à l’étranger…
• 21% des Français déclarent vouloir s’installer à l’étranger durant un temps plus ou moins long. Ce sont surtout les jeunes (43% des 18-24 ans et 33% des 25-34 ans), ainsi que les plus diplômés (32% des bac +3) et les cadres (32%) qui sont motivés. Toutefois, l’expatriation concerne une part non négligeable des plus âgés et plus spécifiquement les 55-64 ans (14%) qui préparent leur retraite.
• La proportion de Français déclarant s’être déjà expatriés a presque doublé depuis 2001 : si 12% déclaraient l’avoir fait pendant au moins plus d’un mois entre 2001 et 2005, ils sont 21% à dire l’avoir fait depuis 2010.
• Dans la plupart des cas, ce départ est prévu comme devant intervenir à moyen terme, dans moins de 5 ans (56%) et pour certains même, d’ici la fin de l’année (8%).
• La grande majorité des personnes souhaitant s’expatrier prévoie de revenir en France. Seulement 29% des Français ayant prévu de s’expatrier tablent sur un départ définitif. Ce sont essentiellement les 55-64 ans qui disent souhaiter partir pour toujours, pour aller vivre leur retraite à l’étranger (44%). La majorité des Français qui veulent s’expatrier souhaite rentrer avant 5 ans (51%).
Les raisons du départ à l’étranger diffèrent beaucoup en fonction de l’âge : le travail pour les 18-24 ans mais la retraite et les impôts pour les 45-54 ans
• Les 18-24 ans, les plus tentés par le départ, souhaitent d’abord partir pour trouver un travail (60%), s’ouvrir à d’autres cultures (53%), améliorer leur niveau en langues étrangères (46%) ou obtenir un salaire plus important qu’en France (38%). Le souhait de finaliser sa formation dans une école ou une université est presqu’aussi invoqué que la possibilité de payer moins d’impôts (respectivement 23% et 25%).
• En revanche, les 55-64 ans souhaitant s’expatrier le font d’abord pour vivre leur retraite dans un autre pays (95%) mais aussi pour payer moins d’impôts (55%) ou encore créer leur propre activité (18%).
Les pays les plus attractifs pour les expatriés : Etats-Unis, Canada et Australie mais aussi Espagne, Grande-Bretagne et Suisse
• Idéalement, les pays où l’on parle l’anglais restent les destinations les plus plébiscitées, notamment par les plus jeunes : 49% citent les Etats-Unis et le Canada, 37% l’Australie. L’Espagne arrive en troisième position (29%) mais cette destination est davantage appréciée par les plus âgés, qui souhaitent probablement y passer leur retraite (choisie par 39% des 55-64 ans et même 50% des 65 ans et plus). Viennent ensuite la Grande-Bretagne (27% mais plébiscitée par 56% des 18-24 ans) et … la Suisse (27%). La Chine reste encore loin derrière (seulement 11% mais 16% chez les 18-24 ans) et n’arrive qu’après le Maroc (20% mais 43% des 55-64 ans) et le Brésil (18%).
Pour les Français, l’expatriation doit être encouragée : un atout pour les individus et pour le pays
• Près de 8 Français sur 10 considèrent qu’il faut encourager les individus à aller vivre à l’étranger pendant un certain temps (76%). Ils estiment que c’est indispensable pour bien parler les langues étrangères (65%) et important pour trouver un emploi ou disposer d’un bon niveau de formation et de salaire (respectivement 52% et 51%). La quasi-totalité déclare d’ailleurs qu’ils encourageraient les jeunes à le faire (91%).
• Ils considèrent massivement que les Français font partie des nationalités que les pays étrangers cherchent à faire venir sur leur territoire (76%).
• Mais pour eux, la France a aussi à gagner avec l’expatriation. D’abord parce que les expatriés participent au rayonnement international de la France (70%) mais aussi parce qu’ils ramènent de l’étranger des idées pouvant faire progresser le pays (57%).
• La quasi-totalité des Français pensent que le phénomène de l’expatriation est en augmentation (92%) mais la plupart estime qu’il s’agit simplement d’un « léger » accroissement (52% contre 40% qui considèrent que l’augmentation est forte).
Les attentes de soutien à destination des candidats à l’expatriation : d’abord donner envie en les informant mieux sur les opportunités de départ puis les accompagner lorsqu’ils sont sur place
• Puisqu’ils encouragent l’expatriation, ils estiment aussi qu’il faut d’abord faire mieux connaître les opportunités de travail dans certains pays étrangers en fonction de la formation et des cursus des personnes qui souhaitent partir (62%).
• Ils considèrent ensuite que l’aide sur place doit être la priorité, soit en accompagnant les nouveaux arrivants dans leurs démarches (57%), soit en les aidant à avoir une parfaite maîtrise de la langue (45%). Mais l’aide au retour est aussi une préoccupation majeure pour beaucoup (41%).