A Athènes les 12 et 13 mai derniers, un peu plus d’un an après mon dernier déplacement dans le pays, j’ai trouvé un pays qui continue à souffrir de la crise économique.
J’ai tout d’abord rencontré l’équipe de direction, les représentants des personnels et des familles au lycée franco-hellénique Eugène Delacroix (LFH), fabuleux établissement dirigé par un proviseur et une équipe dynamiques, très attentifs à la justice sociale. Je salue la création du fonds de solidarité qu’ils ont mis en place pour venir en aide aux familles grecques dont les enfants voyaient leur scolarité au LFH menacée par la baisse des salaires (20%) et la hausse simultanée des impôts. Ce sont près de 150 familles qui en bénéficient. L’équipe en place s’est aussi opposée à la baisse des salaires des professeurs grecs prévue par la loi.
Dans cet établissement le français est toujours appris par 52% des élèves inscrits dans la section grecque (tandis que 48% optent pour l’allemand). La grande qualité de l’établissement est connue de tous si bien que dès la maternelle, le nombre de demandes d’inscriptions est très supérieur au nombre de places disponibles.
J’ai fait le tour de l’Institut français de Grèce (IFG) avec son directeur Olivier Descotes et constaté que L’IFG était au cœur de la programmation culturelle d’Athènes. Le Centre de ressources est incontournable pour les francophones et francophiles d’Athènes. Les conférences rassemblent Français et Grecs et rencontrent un vif succès, notamment la Semaine du Cinéma.
J’ai rencontré les représentants de TOTAL, présents en Grèce depuis 30 ans et de THALES qui compte une cinquantaine de salariés en Grèce (contre 150 il y a 10 ans). Par rapport à l’an dernier, ils notent une stabilisation de la situation économique et la renaissance d’un espoir. Les entreprises font néanmoins face à un blocage important : les banques ne prêtent pas si bien que les PME ne peuvent investir.
Les membres du Comités consulaires pour la protection et l’action sociales (CCPAS) ont attiré mon attention sur le fait que les familles arrivent au bout de leurs économies, dans un contexte de crise qui persiste depuis 2008. Elles n’ont plus toujours les moyens de se soigner, de se nourrir. Les épiceries sociales qui assurent des distributions gratuites de denrées alimentaires se développent. L’association d’entraide revêt une importance considérable mais peine à lever des fonds.
Le rejet de l’Union européenne se ressent fortement, en particulier à l’approche des élections européennes.
A Nicosie, j’ai rencontré Podromos Podromou, député chypriote francophone, Vice-Président de la Commission des Affaires étrangères et européennes, membre du groupe d’amitié Chypre-France, avec qui j’ai échangé sur cette désaffection pour l’Union européenne également très prégnante à Chypre, et sur le besoin de formation qui existe dans le pays. La France aurait intérêt à y prendre toute sa part, en particulier dans des domaines où son expertise est reconnue tels le tourisme, la formation et l’enseignement supérieur.
J’ai aussi rencontré madame Helen Indianos, présidente de l’association « Vivre à Chypre », ouverte à tous les francophiles, compte une centaine de membres. Elle fait un travail formidable avec la communauté française.
L’école franco-chypriote est en pleine expansion. En un an, le nombre d’élèves est passé de 100 à 220. L’investissement des Chypriotes, qui mettent à disposition un bâtiment, y contribue fortement. Je salue cet engagement de l’Etat et celui des familles.
Sur le plan économique et commercial, la présence de la France est limitée mais les directeurs de LEROY MERLIN, Frédéric Boudray, de TOTAL, Jean-Luc Porcheron, et le président de l’association d’affaires Chypre-France, Andréas Kashiouris, avec qui je me suis entretenue, pensent comme moi que Chypre offre, comme la Grèce, de grandes opportunités que la France devrait saisir.