Je suis intervenue dans le cadre des sixièmes rencontres de l’Institut du Bosphore qui facilitent un dialogue annuel sur la relation bilatérale entre nos deux pays. Mise en place suite à de fortes tensions nées de la prise de position du président Sarkozy quant à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne puis de la reconnaissance par la France du génocide arménien ces rencontres ont toute leur place dans la politique étrangère des deux pays.
La Turquie est un grand pays sur le plan économique, avec une croissance importante ces dernières années, une élévation du pouvoir d’achat, une dette publique faible et une capacité industrielle remarquable. D’ailleurs, plus de 450 entreprises françaises y sont installées. Aujourd’hui, le peuple de la République de Turquie souhaite que les négociations reprennent pour leur adhésion à l’Union Européenne. Les relations entre la France et la Turquie ont un passé qui remonte à 5 siècles. Nos relations politiques, culturelles, économiques et sécuritaires ont toujours été au cœur de nos préoccupations. La Turquie est, pour la France, un partenaire économique de même importance que le Japon, l’Inde ou le Brésil.
En 2004, bien que l’Union Européenne entame son plus grand élargissement avec l’entrée de plus de 12 pays, la Turquie reste en marge. Aprèstrois ans de statu quo dans les négociations, la France a levé, en novembre 2013, son blocage sur le chapitre consacré aux politiques régionales. La nécessité de renouer le dialogue avec la Turquie s’est imposée compte tenu de la position "pivôt" du pays.
La visite du Président François Hollande à Ankara le 27 janvier fut très appréciée. En effet 22 années se sont écoulées depuis la visite présidentielle de François Mitterrand en Turquie. Les négociations, ouvertes en 2004, doivent se poursuivre dans la transparence, chapitre par chapitre. La France est prête à apporter son aide sur ceux concernant l’Etat de droit, les libertés fondamentales et l’indépendance de la justice ; exigences européennes en ces matières.
La balle est dans le camp de la Turquie. Le processus des négociations ne peut qu’être bénéfique à ce pays qui se trouve aujourd’hui dans une impasse due à son choix idéologique qui l’a amené à soutenir les frères musulmans. L’adhésion reste un objectif nécessitant des discussions soutenues qui nous force de façon heureuse au dialogue continu.