L’on prête à Jean Monnet d’avoir dit – alors qu’il "suivait" son épouse à l’île de Ré deux mois durant – qu’il "préférait la montagne parce que l’on y voit la mer depuis beaucoup plus loin". J’aimerai le plagier en affirmant que j’aime la Suisse parce que l’on y voit l’Europe depuis beaucoup plus loin … Je suis en effet surprise de constater, année après année, que l’intensité du débat et de la réflexion européenne que les Suisses peuvent mener n’a pas d’égale en France, qu’il s’agisse des travaux de la Fondation Jean Monnet de Lausanne ou de ceux des rencontres de Locarno qui fêtaient cet été leur 41ème anniversaire. Réunissant de manière informelle à l’initiative du groupe Ringier des responsables économiques et politiques français, allemands et suisses, ces rencontres permettent une expression libre et directe.
Cette année, Mario Draghi y a reçu le prix de la Fondation en présence de Simonetta Sommaruga, Présidente de la Confédération helvétique. Compte tenu des fonctions du président de la BCE, les discussions ont principalement porté sur les problématiques économiques. La Grèce est revenue sans cesse au coeur du débat. J’y ai défendu les choix faits par la France et l’investissement personnel de François Hollande aux côtés des grecs regrettant ce faisant l’absence de solidarité des partis sociaux-démocrates en Europe avec la France. J’ai également regretté l’absence de Jacques Barrot qui était encore à mes côtés l’année dernière. Ces rencontres sont importantes pour mieux se comprendre et se connaitre. Et puis nous devons rappeler combien la construction européenne est importante. Devoir de protection contre ceux qui veulent la détruire et devoir de renforcement pour les générations à venir qui aspirent comme nous à la paix et la prospérité.