Déclaration de Jean-Christophe Cambadélis relative à l’attentat de Nice

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Dans sa déclaration relative à l’attentat de Nice et avant d’observer une minute de silence, Jean-Christophe Cambadélis a eu raison de dénoncer les polémiques et le manque de respect de certains dirigeants politiques pour les morts et leurs familles. Il a eu raison aussi de regretter le manque d’unité nationale, alors même que Daech s’attaque aux fondamentaux de notre République tout comme le Front national qui lance sa propagande et récupère cet évènement tragique à des fins politiques. Le Parti socialiste doit pouvoir, par sa parole claire et digne, rassurer et démontrer qu’il est capable d’apporter une réponse globale, ne pas s’inscrire dans l’émotionnel mais dans une démarche constructive.

Retrouvez ici la déclaration  de Jean-Christophe Cambadélis :

Déclaration de Jean‑Christophe Cambadélis – Siège du Parti socialiste, lundi 18 juillet 2016

Cher‑es ami-­es,
Une fois de plus, le terrorisme islamiste a montré son véritable visage : débordant de haine, fauchant la vie, transformant les instants de fête en moments d’horreur. Le terrorisme islamiste n’a pas frappé au hasard, il n’a pas assassiné à l’aveugle. Il a choisi le 14 juillet, il a ciblé la France, il a visé le peuple et sa liberté. Le Parti socialiste condamne ce massacre insupportable, mais aussi un islamisme dévoyé, ultra-­sectaire qui a servi d’odieux mandat. Par son acte, le terroriste a voulu
donner un sens fanatisé à son non-sens. Nous dénonçons très fermement cette idéologie mortifère qui a tenu le volant de ce camion transformé en arme de guerre. En ce jour de deuil national, nous pensons aux victimes et à leurs familles, anéanties. Nous pensons aux nombreux blessés qui luttent encore à l’heure qu’il est pour leur vie. Et nous pensons aussi à toutes celles et à tous ceux qui ont assisté à l’horreur et qui n’oublieront jamais ces corps, ces cris, ces pleurs.
Nous tenons à marquer notre immense reconnaissance aux services de secours et aux forces de l’ordre qui ont fait preuve d’un professionnalisme exemplaire. Nous exprimons aussi notre solidarité républicaine aux élus de la ville de Nice, abasourdie, atteinte au cœur. Cette soif de sang, cette rage de carnage, voilà ce qui animait ce terroriste, zigzagant pour tuer et tuer encore, pour faire un maximum de victimes.

L’objectif est limpide :

Terroriser un peuple en lui signifiant que la mort peut surgir sans prévenir, advenir par n’importe quel moyen. Non, le terrorisme islamiste n’est pas aveugle, il vise très bien, il a une stratégie, un plan de bataille. Leurs idéologues et leurs généraux ne sont pas « fous ». Ils veulent que nous lâchions prise en Syrie et en Irak, que nous leur laissions la voie libre en Libye et dans tous les endroits du monde où ils prennent pied avant d’autres conquêtes pour asservir des pays entiers à leurs noirs desseins. Pour ce faire, ils veulent nous faire perdre nos repères et renoncer à nous-­mêmes. Ils veulent nous rendre fous. Ils sèment la terreur mais veulent récolter la division et le chaos.
* * *
Alors, que faire ? La guerre. La guerre, nous y sommes ! Là-­bas et nous le savons tous, maintenant ici. La guerre, nous la menons, avec détermination, sur tous les fronts. Et dans cette guerre, protéger les Français est la première des priorités. Ainsi, le Président de la République François Hollande a pris les mesures adaptées pour renforcer notre dispositif sécuritaire : état d’urgence prolongé de trois mois, maintien de l’opération Sentinelle à son niveau maximal, activation de la réserve opérationnelle. Dans cette guerre nous portons des coups à l’ennemi, nous réduisons ses réseaux en Europe. Il est réduit à labelliser des supplétifs de la dernière heure pour ne pas être rassurant. Cela indique où il en est réduit. Enfin Daech veut rallier les Français musulmans, ils les tuent et nos compatriotes musulmans ou pas font front comme toute la communauté nationale. Dans le combat c’est un acquis qu’il faut préserver. Il faudra maintenir notre effort.

Quelle que soit notre peine, notre tristesse, notre colère. L’heure est à glorifier nos succès et les coups portés à l’ennemi plutôt que d’offrir le triste visage de nos désunions qui ne peuvent que le renforcer. J’appelle tous les socialistes à maintenir autant que possible l’union nationale, à souligner nos succès, à la compassion pour nos morts et leurs familles. J’appelle tous les socialistes, mais au-delà tous les citoyens, à rejoindre cette réserve opérationnelle ainsi que la réserve citoyenne. Il en va de l’endurance de nos forces de sécurité, que Daech cherche délibérément à épuiser. Comme toute guerre, cette guerre est une guerre de volonté. Il ne faut céder ni au doute, ni à la peur, ni aux passions. Comme pour toute victoire, il faudra se battre avec persévérance et méthode, avec calme et responsabilité. Cette guerre sera longue. Elle exige une mobilisation de tout le pays. Elle exige du sang froid, de la détermination, de la clairvoyance. Elle mettra à l’épreuve ses dirigeants, son opposition, ses institutions et ses citoyens. Il faut regarder la réalité en face : la France a déjà connu beaucoup d’attentats. Beaucoup trop d’attentats. Ce qui met notre pays sous la menace de l’attentat de trop. Mais, la France doit tenir. Depuis jeudi soir, la France a le cœur en feu mais elle a su garder un cerveau de glace. C’est vital. C’est l’objectif stratégique de l’État et cela devrait être la ligne de conduite de tout responsable politique français. Il faut donc éviter le triste spectacle auquel se livrent certaines figures politiques, qui semblent avoir perdu leurs nerfs, le sens de la mesure et le sens des réalités. Nous regrettons les accusations et les propositions ineptes avancées par certains membres de l’opposition, alors même que les corps des victimes étaient encore couchés sur la promenade des Anglais. Dans l’épreuve, certains dirigeants ont livré leur vérité, révélé leur fébrilité et cédé à la surenchère déplacée. Même le meilleur d’entre eux s’est adonné au pire, assénant qu’on aurait pu éviter l’horreur. Monsieur Sarkozy s’est empressé de noter la faute de Monsieur Juppé et a rappelé l’évidence : le risque zéro n’existe pas. Il a raison sur un autre point : nous sommes en guerre. La question est donc de savoir pourquoi il prend le risque de gêner les actions de la France, se comportant comme un général donneur de leçons, loin du front, dissertant au milieu de la bataille pour dire qu’il aurait fait différemment et forcément mieux. Ce n’est pas l’esbroufe qui règlera le problème du terrorisme. Mais l’action sans faille là-­bas et la concorde sans faille ici. C’est le cœur d’une union nationale vitale pour la France. Mais, la palme de l’indécence revient à Madame Le Pen, qui veut tout régler « en une journée ». Elle prône une France excitée, occupée à enfermer tout le monde et coupée de l’Europe de la sécurité, oh combien nécessaire ! Nous le disons tranquillement en parlant au cœur et à la raison des Français. La haine ne pourra pas éteindre le mal, elle ne fera que l’étendre. Il faut détruire les bases terroristes, couper leurs réseaux, les mettre hors d’état de nuire en commençant par les isoler. Et ne pas leur construire une solidarité au sein même de la communauté nationale. Même en politique, il y a un temps pour tout. Nous regrettons profondément que le deuil national de trois jours n’ait pas été respecté. Nous regrettons que la lutte contre le terrorisme ne soit pas politiquement sanctuarisée de toutes polémiques inutiles.

Toutes les campagnes électorales du monde et autres primaires ne peuvent justifier le double manquement à la morale et à la concorde nationale. Les Français et l’histoire jugeront. Nous le savons tous, cette stratégie d’attaques autonomes rend la menace difficile à détecter et les contre-­mesures délicates à déployer. Notons que dans le même temps, les services de l’État doivent prévenir les autres modes opératoires déjà utilisés contre Charlie Hebdo, l’hyper Casher, le Stade de France, le Bataclan ou les terrasses. Faire preuve de raison et de franchise, c’est analyser avec une froide objectivité comment améliorer sans relâche nos dispositifs et nos protocoles face à un ennemi qui s’adapte sans cesse et qui ne se donne, lui, aucunes limites. L’État le fait avec sérieux et continuera à le faire. Nous lui accordons toute notre confiance et tout notre soutien. Enfin, nous en appelons à un engagement renforcé de nos partenaires européens à nos côtés, sur les fronts militaires -­ notamment au Sahel – et sur les terrains du renseignement et du contrôle des flux financiers et numériques. Ces attaques sont des crimes contre la civilisation européenne, elles exigent les efforts de toute la communauté européenne. La France se bat. Elle sait pourquoi elle se bat : la liberté, la démocratie, la République, les droits des femmes, le droit de croire et de ne pas croire. Il va falloir protéger ces acquis politiques, ces piliers de la maison France, contre Daech et également contre les forces extrémistes qui voudront les remettre en cause pour servir leur cause.

Nous ne laisserons pas faire, car la concorde nationale est notre meilleure arme contre le terrorisme islamiste, car la République est notre meilleure ligne de défense. Oui, il faut savoir comment se battre, pourquoi se battre et pour qui se battre. Nous nous battons pour nos enfants et les enfants de nos enfants. Il y a eu trop de jeunes destins volés sur cette promenade, dans cette baie qui n’a malheureusement jamais aussi bien porté son nom. Ces enfants disparus, que nous chérissons, nous rappellent à nos responsabilités. Notre génération n’a pas hérité de la Révolution française, de la liberté, de l’égalité et de la fraternité : nous les empruntons aux générations futures. Pour pouvoir les transmettre, il faut les défendre.
Nous en sommes conscients et nous ferons tout pour que la France reste forte, c’est à dire unie, fidèle à elle‑même, toujours au rendez‑vous de l’histoire, sous le regard du monde.

 


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