Chaque année, je passe le 14 juillet auprès de nos compatriotes établis hors de France. Après l’Estonie et la Lettonie, je souhaitais donc rencontrer ceux qui résident en Lituanie (http://www.ambafrance-lt.org/Visite-de-Mme-Helene-Conway-Mouret-senatrice-14-17-juillet-2016), pays que j’avais traversé pour aller à Kaliningrad avant que de revenir par la lagune du Courlande et me recueillir sur le site des massacres de Liepaja en Lettonie. Il est frappant de constater combien ces trois pays que l’on a tendance à traiter ensemble sont différents et l’erreur qu’il peut y avoir pour les responsables politiques à les percevoir identiquement, à les visiter dans un même mouvement. Ils ont certainement en commun une indépendance récente et reçu chacun la visite de François Mitterrand en 1992 qui croyait à l’élargissement de l’Union européenne pour les protéger. Ils partagent aussi le destin tragique de ces pays envahis, martyrisés par les nazis puis occupés par l’Union soviétique. Mais l’analogie doit en rester là.
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Quelques heures à la résidence de notre ambassadeur – Philippe Jeantaud – pour célébrer avec lui et ceux qu’il avait réunis, amis de la France et Français de Lituanie, un attachement commun aux valeurs de la République. Alors que résonnait la Marseillaise – ses trois premiers couplets pour une fois au moins – je me remémorais le discours de Lamartine de 1848 défendant le drapeau tricolore contre le drapeau rouge : « Je repousserai jusqu’à la mort ce drapeau de sang, et vous devez le répudier plus que moi, car le drapeau rouge que vous rapportez n’a jamais fait que le tour du Champ-de-Mars, traîné dans le sang du peuple en 91 et en 93, et le drapeau tricolore a fait le tour du monde, avec le nom, la gloire et la liberté de la patrie. ». Ce discours, je me le remémore en apprenant de mes interlocuteurs la théorie du « double génocide » défendue par certains et qui tend seulement à relativiser la mort des 200 000 Juifs de ce pays entre 1941 et 1944 faisant ainsi de la Lituanie le pays ayant connu le plus grand pourcentage de destruction d’une fraction de sa mémoire, de sa Nation. La visite de la ville en compagnie de Loic Salfati et Bertrand Jacob nous permet d’apprécier cette histoire encore récente à travers de nombreux témoignages ; une histoire où la synagogue de Vilnius était la plus importante d’Europe de l’Est. Ce discours, je me le remémore également en entendant les nombreuses marques de solidarité exprimées par la Présidente, les ministres et la population venus déposer fleurs et bougies devant notre ambassade au lendemain du massacre de Nice. Beaucoup de questions m’ont été posées par mes interlocuteurs sur notre politique étrangère, l’Europe et la menace terroriste. Cette chaleur spontanée m’a fait oublier ceux qui, dans le même temps, affirment que cet évènement tragique n’est que la conséquence du multiculturalisme dans lequel nous nous complaisions. En d’autres termes, nous n’aurions eu que ce que nous méritons ! Ayons-le à l’esprit et sachons que d’aucuns en sont convaincus. A l’Est, mais aussi chez nous.
Ce déplacement m’a permis, en tant que sénatrice membre de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, de rencontrer avec Philippe Jeantaud, Neris Germanas, vice-ministre des Affaires étrangères, Juozas Olekas, ministre de la Défense ainsi que Gediminas Kirkilas, président de la commission des Affaires européennes, Arturas Paulauskas, président de la commission de la défense et Benediktas Juodka, président de la commission des Affaires étrangères. Ce tour d’horizon politique nous a permis d’aborder les questions de coopération militaire, de politique de défense et de sécurité européenne. De la relation avec la Russie également ainsi que notre partenariat pour la paix et la participation de la France aux efforts de dépollution en mer baltique.
Cette présentation des enjeux stratégiques d’un pays où nous serons présents dans les prochaines semaines pour renforcer la police de l’air, a été complétée par l’excellent briefing du colonel Jakob Sogard Larsen, commandant de l’unité d’intégration de l’OTAN puis du lieutenant-colonel Evans sur la base américaine de Ruckla organisée par l’attaché de défense de l’ambassade, le LCL Alain Moulia.
Forte de ses près de 400 ressortissants dans un pays de moins de trois millions d’habitants, la communauté française est dynamique et très présente dans tous les domaines d’activités. J’ai pu le constater lors de réunions où chaque secteur était représenté : le secteur culturel, avec M. Frédéric Bellido, conseiller de coopération et d’action culturelle ; le secteur associatif, avec Bertrand Jacob pour l’ADFE, Geoffrey Party pour l’UFE et Jacky Clavreuil pour l’association française de solidarité ; le secteur éducatif, avec le directeur de l’école française Gilles Dervieux et la présidente du conseil d’administration Aiste Cerniauskaite, et économique. Notre institut culturel a 1 500 étudiants. Il propose un programme complet d’évènements qui s’inscrivent parfaitement dans la vie culturelle de Vilnius pour en faire aussi un centre de débats, d’idées. L’école française de Vilnius est par ailleurs victime de son propre succès avec une augmentation constante des effectifs pour atteindre près de 400 élèves. Il est même envisagé aujourd’hui un déménagement pour l’agrandir encore. Les entreprises françaises sont présentes et Zaneta Fomova représentant JC Decaux Lietuva, Stanislas Kablys représentant le groupe Vinci, Alexander Husty représentant Veolia nous ont décrit le dynamisme et le succès de leurs entreprises. Le regard éclairé et l’expérience du conseiller consulaire Geoffrey Party ont complété ce tableau encourageant d’un pays dont le redressement économique est certain malgré un contexte démographique inquiétant.
Czeslaw Milose, prix Nobel de littérature, qui grandit à Vilnius, écrivit en son temps : « A côté du catholicisme et du judaïsme dominants, les karaïtes, les protestants, les descendants des musulmans, les orthodoxes et les « vieux croyants » donnent un coloration particulière à cette ville qui est une mosaïque de nations ». Cette tolérance que ce pays a su faire vivre pendant un temps doit nous inspirer. Et le fait de passer devant la maison de Romain Gary, au détour d’une rue de la vieille ville – celui qui sous le pseudonyme de Fosco Sinibaldi écrivit un conte pacifiste et humanisme – y fait écho, étrangement.
Couverture presse :
Ministères
Presse lituanienne
http://tv.lrytas.lt/?id=14685776481466384723
http://lzinios.lt/lzinios/Lietuva/reiskia-solidaruma-su-prancuzija/226221
Dépêche d’agence
French senator in Vilnius : Nice massacre an attack on country’s values
VILNIUS, Jul 15, BNS – The mass massacre in Nice is an attack on the values of France, a member of the French Senate, Helene Conway-Mouret, said in Vilnius on Friday.
At the same time, she said that France even after the terrorist attacks had to stand strong against the aims of intimidate the society.
"It is a shock, the same as we had to sustain the terrorist attacks last November. It’s the same, it’s a symbolic attack on what we are, on what we stand for. There are innocent people, civilians that are being killed by people who do not want so share our way of life and want to instill terror," Conway-Mouret, secretary general of the French Senate’s Commission for Foreign Affairs, Defense and Armed Forces, told journalists outside the French Embassy in Vilnius on Friday.
"The stroke at cafes, in a concert hall and now this time – simply outside where people were watching fireworks on a very important day for us. It was a national day, the 14th of July, it’s what we stand for – freedom, equality and fraternity. And this is what is being attacked today, that’s the way we feel it," she added.
The French politician noted that France felt the solidarity of the world community after the attack and will now seek to “stand up and resist”, adding that the country would seek to enhance intelligence cooperation with other countries in an effort to "prevent these actions."
"Of course, it is linked to Daesh (the Islamic State group), although there has been no announcement today from the terrorist organization that they are behind it but at the same time it is linked to the international terrorism action. What do you call it? Somebody who just kill innocent people watching fireworks – it is a terrorist attack, even it is the action of one man, not organized by an organization," Conway-Mouret emphasized.
At least 84 people were killed in early hours of Friday when a truck crashed into a crowd of people gathered on a promenade in the seaside resort of Nice, southern France, to observe fireworks of the Bastille Day.
Vilnius newsroom.