Après Dublin et Oslo, les sections socialistes d’Europe du Nord, ont souhaité se réunir pour deux journées de travail à Stockholm autour notamment d’Axelle Lemaire, Claudine Lepage, Jean-Yves Leconte et moi-même. Avec la cinquantaine de militants rencontrés, découverts ou retrouvés durant ces deux jours ainsi que les conseillers consulaires Luc de Visme, Henry Leperlier, Stephane Mukkaden et Marie-Pierre Labadie, nous avons eu l’occasion, sous « l’autorité bienveillante » de Yann Long et Adrien Sthoer, de revenir sur l’action construite ces dernières années mais aussi de réfléchir de façon plus prospective sur l’avenir de la Gauche en Europe et notamment l’évolution de la sociale démocratie.Ouvrant la journée, Christina Winroth, secrétaire du parti des socialistes européens de Stockholm – que j’avais déjà eu l’occasion de rencontrer dans le cadre des travaux de la Fondation Jean Jaurès – a développé son exposé sur la coopération des partis européens en matière de politique européenne. Cette introduction avait pour objet d’ouvrir un débat plus général. Irene Wennemo (secrétaire d’Etat au travail), Allan Larsson (conseiller spécial du président de la Commission européenne pour le pilier européen des droits sociaux), Axelle Lemaire et moi-même sommes revenus sur le futur de l’Europe et le choc du Brexit pour mettre en évidence deux points. D’une part, la question de l’intégration européenne continue de diviser la gauche de telle sorte que celle-ci est toujours incapable de faire preuve d’unité dans la promotion d‘un projet politique susceptible d’être appréhendé par la population. D’autre part, « la gauche européenne », au sens où celle-ci a pu se définir dans les années 70 a failli dans son action pour structurer le débat européen à gauche en raison notamment de son hésitation constante entre construction européenne classique et entrée dans une démocratie fédérale. Ce débat m’a permis de constater également le décalage qu’il peut y avoir entre la France et les autres partis de gauche en Europe. On peut certes, avec François Hollande, se revendiquer désormais social-démocrate et en déduire simultanément que le parti socialiste français doit disparaitre dans un avenir proche ! Pour ma part je suis socialiste et le revendique. Mais oublions un instant mes convictions. On ne peut ignorer l’évolution d’une sociale-démocratie qui – et je pense notamment au congrès de Bad Godesberg – a été le fait, en Allemagne, en Europe du Nord ou en Belgique d’une réflexion collective du parti. Par la contrainte des choses, le PS en a fait l’économie. Cela aujourd’hui nous pèse. Par ailleurs, si la sociale démocratie européenne a été construite et portée dans les années 70 par Helmut Schmidt, Bruno Kreisky ou Olof Palme je constate que la CDU allemande cède aujourd’hui progressivement sous les coups de l’extrême droite, que l’Autriche risque demain d’avoir un président de la République issu du FPÖ et que la Suède a vu émerger lors des dernières élections générales un parti d’extrême droite qui fait aujourd’hui plus de 14% des voix et dénonce avec les émeutes de 2013, l’échec de la politique d’immigration volontariste voulue en son temps par Olof Palme. En d’autres termes, la sociale démocratie européenne est en crise et peine à se renouveler. Nous ne pouvons clairement pas faire l’économie d’une vraie réflexion collective. Ce premier débat, riche, ouvert, nous a, entre autre, rappelé que la politique s’inscrit dans un temps long qui nous échappe aujourd’hui.
Une seconde table ronde a ensuite permis aux conseillers consulaires présents – Marie-Pierre, Stéphane, Luc et Henry – de faire un bilan sans complaisance de ce statut depuis sa mise en œuvre, en 2013 : le rapport des élus avec les communautés expatriées, avec le réseau diplomatique et consulaire, leurs moyens et leurs ambitions (http://www.youtube.com/channel/UCsYhy87Ib08Iuva9A7Ktq-w/live).
Ce statut est un début mais il doit évoluer, nous le devinons. A nous encore une fois de l’inscrire dans le temps car personne ne conteste plus aujourd’hui la justesse de cette réforme qui a permis à la gauche en 2014 d’enregistrer l’un de ses rares gains électoraux du quinquennat. Je suis fière de l’avoir portée avec vous et heureuse de voir cette réforme vivre avec nos militants et nos élus. L’après-midi a également permis aux parlementaires présents de discuter avec les militants présents des derniers projets sur lesquels ceux-là se sont engagés qu’il s’agisse de l’accès à l’éducation pour les Français de l’étranger avec Jean-Yves, de l’égalité d’accès à la citoyenneté et à la réserve citoyenne pour Claudine ou des mesures de simplifications administratives prises ou à prendre en faveur des impatriés que j’ai présentées dans le rapport remis au Premier Ministre en 2015 sur le Retour en France.
L’après-midi s’est terminé par une conférence publique animée par Axelle Lemaire et ouverte à l’ensemble de la communauté française de Stockholm. L’occasion pour la Ministre de revenir sur son action et sur sa vision de la République numérique. Revenant sur la symbolique d’un texte structuré autour du triptyque de la devise républicaine, elle a expliqué comment la volonté du gouvernement de permettre à tous, citoyens comme collectivités locales, de disposer des moyens de s’approprier les nouvelles technologies étaient la condition même d’une fraternité, d’une liberté et d’une égalité renouvelées. L’occasion aussi d’une réflexion plus large sur les nouvelles formes de citoyenneté. Dans un contexte de dénonciation plus vive qu’avant des limites de la démocratie représentative, il était en effet intéressant de voir comment il était possible de faire analyser et amender ce texte par la communauté des internautes. Une forme de « démocratie directe » – fut-elle électronique – intéressante à examiner et qui trouvait un écho avec l’intervention d’Adrien, le dimanche matin, consacrée au militantisme numérique.
Dans un contexte où la « fachosphère » semble dominée par la droite, les militants présents, sur un rapport d’Henry Leperlier, ont réfléchi aux nouvelles façons de combattre l’extrême droite sur le net. Un porte-à-porte revisité auquel Stéphane et Mathieu nous ont associés en clôture de nos travaux. Deux journées denses, riches de débats, d’amitiés qui nous ont permis de nous retrouver sur ce qui nous rassemble.