Comme chaque année, le séminaire organisé par l’Institut du Bosphore rassemble des personnalités d’horizons divers pour traiter d’un thème d’actualité.
Cette année les travaux se sont concentrés sur « une relation Europe / France / Turquie à repenser : quels objectifs se fixer au prisme de la lucidité ? » et « une Union européenne en question: à quoi nous attendre ».
Ce fut à la fois l’occasion d’analyser les reculs démocratiques dus à l’instauration de l’état d’urgence, la perte d’élan dans les relations multilatérales, le multilatéralisme mis à mal par les mesures protectionnistes adoptées par de nombreux pays, la montée des nationalismes, des mouvements indépendantistes mais aussi les tendances pro-européennes notamment du président Macron, la gestion du Brexit et ses conséquences. Une période de crises et de tensions multiples donc.
La tendance est d’analyser les problèmes peut-être parce qu’il est plus aisé de critiquer que de proposer et de confondre ainsi les critiques justifiées contre le fonctionnement des institutions européennes et le projet européen. Celui-ci reste unique et solidement ancrés sur ses deux piliers que sont la paix et la prospérité de ses populations. Si le projet est en panne par manque de vision et de volonté politique, il n’en reste pas moins fondamental dans un monde instable et imprévisible.
Quand on note les zones de tensions, voire de guerre dans le monde, on réalise vite combien il est nécessaire de préserver ces biens précieux que beaucoup nous envient. Cela explique en partie le rêve entretenu notamment en Europe centrale de rejoindre ce bloc de stabilité que représente le continent européen.
Si les discussions permettent aux Européens présents de faire le point sur les problématiques internes à l’Union, elles se concentrent néanmoins principalement sur les relations franco-turques. Le rapport rédigé par Alain Delcamp et Didier Billion sur les malentendus, les illusions et les interrogations sur notre relation prône le pragmatisme et le dialogue. Comprendre le traumatisme du coup d’Etat évoqué par le Vice-Premier ministre Mehmet Simsek dans son long discours, le besoin du maintien d’une relation soutenue par le président de la TUSIAD et l’exigence du respect des valeurs fondamentales de l’Etat de droit par notre ambassadeur Charles Fries font aussi partie de ces échanges.
Je retiens que les débats ont été moins tendus, comme si un certain fatalisme quant à la situation politique du pays était déjà intégré par tous ; un sentiment d’impuissance à un moment où la Turquie peut jouer un rôle majeur et où son futur positionnement vis-à-vis notamment de la Russie peut contribuer à déterminer un nouvel ordre régional et mondial.
Comme à chaque déplacement, j’ai rencontré notre ambassadeur et notre consul général pour faire le point sur les problématiques particulières du poste, très largement complété par nos conseillers consulaires Bernard Burgarella, Marie-Rose Koro et Florence Ogutgen. Étaient également conviés les présidents des associations Français du monde-adfe et UFE Virgile Mangiavillano et Philippe Latournarie. Leur connaissance des dossiers, leur engagement et solidarité sont remarquables. Il est heureux que je puisse, que nous puissions compter sur eux.