Les contradictions s’enchaînent sur la mise en place du Service National Universel (SNU). La promesse de campagne d’Emmanuel Macron d’instaurer un service national obligatoire pour toute une classe d’âge et pour une durée de trois à six mois suscite des doutes tant à l’égard de sa faisabilité que de sa soutenabilité.
Le nouveau rapport du groupe de travail mandaté par l’Élysée, le dernier en date d’une série de textes exprimant le plus grand scepticisme vis-à-vis de la proposition présidentielle, préconise une période obligatoire d’un mois en internat à partir de l’âge seize ans.
Comment loger, nourrir, encadrer et former 600 000 à 800 000 jeunes de 18 à 21 ans chaque année, alors que les locaux des armées ont été considérablement réduits depuis la suppression du service militaire en 1997 ? Cette question ne trouve toujours pas de réponse. Une chose est sûre, les quelques 220 000 places en internat au sein des établissements publics proposées par les régions en échange de travaux de rénovation ne suffiront pas. Les infrastructures militaires ne sont pas non plus utilisables en l’état.
Il est difficile d’avoir une quelconque visibilité sur le financement d’un tel projet, dont les contours et le contenu sont encore flous. La ministre des Armées, Florence Parly, a assuré que son coût total, estimé entre 2,4 et 3 milliards d’euros par an, ne serait pas supporté par le ministère des Armées, mais ferait l’objet d’un financement ad hoc (qui ne figure pas, d’ailleurs, dans le texte de la loi de programmation militaire 2019-2025). Elle avait aussi affirmé que le SNU ne serait « pas obligatoire » mais « pas facultatif » non plus.
Experts et membres de la majorité multiplient les rapports, passés sous silence lorsqu’ils ne vont pas dans le sens exprimé par le Président. Mes collègues, Jean-Marc Todeschini et Jean-Marie Bockel, présenteront leurs propositions très prochainement. Pendant ce temps, le flou reste total. Et quand c’est flou…