Le 30 mai 2018, j’ai rencontré au Sénat la Vice-Ministre de la Justice de l’Albanie, Teuta Vodo. Ce fut l’occasion de faire le point sur les réformes engagées par son pays dans les domaines qui sont prioritaires pour le gouvernement socialiste et la Commission européenne : administration publique, institutions judiciaires, luttes contre la corruption, lutte contre le crime organisé, droits de l’homme.
La franchise de notre échange correspond aux qualités de la jeune génération albanaise à laquelle appartient mon interlocutrice : déterminée contre les pratiques passéistes, résolument européenne. Objective sur les efforts que son pays doit encore mener pour ancrer le pays sur la voie des acquis communautaires, elle a aussi rappelé que la Commission européenne a reconnu dans son rapport de suivi publié en avril 2018 les progrès accomplis dans l’ensemble des réformes prioritaires.
Il semblerait qu’au vu des réalisations en cours, les réformes tant attendues soient irrémédiablement engagées. L’Albanie mérite aujourd’hui d’obtenir le droit de commencer à négocier les chapitres communautaires, à son rythme comme tout autre pays candidat. Ce serait à la fois reconnaître à Tirana que son gouvernement a pris la bonne voie du progrès vers un État de droit solide et crédible, mais aussi rassurer une population qui a besoin de clarté sur l’horizon européen.
Le Conseil européen des 28 et 29 juin 2018 sera l’occasion de donner un message positif à l’Albanie, comme aux autres candidats de la région des Balkans. Consciente que les perceptions des opinions publiques européennes ne sont pas favorables à rouvrir des débats sur les futures adhésions, je tiens à dire qu’il ne s’agit pas ici d’élargissement. Ce qui doit nous préoccuper c’est la stabilisation, la démocratisation, le respect des libertés et l’application de la justice dans ces pays européens. C’est un ensemble de processus réformateurs qui ancrent progressivement et définitivement cette région à l’Europe.
Socialiste et européenne, j’attends de l’Union européenne qu’elle soutienne la poursuite du long processus d’intégration des États-candidats. J’espère que la France s’exprimera favorablement pour l’Albanie comme pour l’ensemble des États balkaniques lors du Conseil européen. Je refuse de céder la place aux populistes de tous bords qui ne voient que périls en la demeure et qui refusent de comprendre que nous devons être solidaires des peuples des Balkans.