Pour la première fois le Président du Sénat s’est rendu en visite officielle au Koweït. J’ai été heureuse de faire partie de sa délégation et passer ainsi deux jours en rencontres et visites de terrain. Notre relation bilatérale souffre d’un manque de visite de haut niveau alors que les échanges commerciaux, tout comme les échanges humains, sont importants et notre relation politique solide. Nous faisons partie des principaux fournisseurs et investisseurs de ce pays de 4,5 millions d’habitants dont 1,4 million de nationaux. Nous y jouissons d’une très bonne image qui trouve ses racines dans le rôle que nous avons joué lors de la guerre du Golfe et la libération du Koweït. Première monarchie constitutionnelle de la région, le Parlement jouit de prérogatives étendues.
Après le cadrage de la mission par l’équipe consulaire et de l’ambassade nous avons débuté notre marathon de rendez-vous avec les représentants de la société civile koweïtienne pour parler de droits des femmes, de droit du travail et du cas des bédouines. La rencontre avec les CCEF et des représentants de la communauté d’affaires française nous a éclairés sur les opportunités qui existent en matière de contrats pour nos grands groupes dans le domaine de la santé, de l’agro-alimentaire, de l’armement, du luxe, de l’immobilier, bancaire, de la distribution, du tourisme. Les besoins d’accompagnement pour la mise en place de leur plan de transformation, qualifié « Vision 2025 » ouvre de nouveaux horizons même si les lourdeurs administratives rendent l’installation de PMEs difficile. L’ambition de nos interlocuteurs est de transformer le Koweït en centre régional économique, commercial et financier de niveau mondial. Le projet « North Koweït » prévoit la création d’une ville nouvelle « Silk City » et la transformation de cinq îles en zones franches et touristiques.
Nous avons assisté à une séance parlementaire pour l’audition « grill » d’un ministre qui dure trois heures pour le parlementaire et trois heures pour la réponse du ministre. La seule parlementaire féminine nous a impressionnés par ses prises de paroles. Un vote décide ensuite du limonage du ministre ou de son maintien.
L’entretien avec le Cheikh Nasser Al-Mohammed Al-Amhed Al-Jaber Al-Sabah, ancien premier ministre de 2006 à 2011 qui avait rassemblé le corps diplomatique autour de lui, nous a permis d’aborder les questions de géopolitique, notamment les tensions régionales entre les nombreux voisins du Koweït. Nous sommes perçus comme un acteur majeur dans la promotion du multilatéralisme et de la paix et un partenaire en matière de formation des officiers et de coopération militaire. Une société d’amitié France-Koweït sera inaugurée dans les mois à venir pour faire avancer les projets bilatéraux.
L’Émir Cheikh Sabah Al Ahmad Al Sabah nous a exposés sa politique d’équilibre à l’égard de son voisinage (Iran, Arabie Saoudite, Irak) et de stabilisation en interne puisque 2/3 de la population est sunnite et 1/3 chiite. Condamné à s’entendre avec tous il joue le rôle de médiateur, y compris auprès des États-Unis. Il mène une politique active d’adhésion aux traités et accords internationaux et lutte contre le financement des groupes terroristes.
Nous avons rendu hommage au contingent militaire français du camp d’Arifgan, sous les ordres du Général Jean-Marc Vigilant et avons visité le QG et échangé avec le Général américain Paul J. LaCamera en charge de l’opération « Inherent Revolve » qui participe à la lutte contre Daesh et commande son état-major de niveau opératif, installé sur deux sites.
La visite du lycée français de Koweït et les échanges avec une classe de terminale ont clos cette première journée. Cet établissement privé, homologué, bénéficie d’un accord de partenariat avec l’AEFE. Il est dirigé depuis 1989 par Mona Al Khaled, première femme koweïtienne titulaire d’un diplôme universitaire français. Fort de ses 1486 élèves nous avons apprécié l’excellent niveau de langue et d’éducation des élèves avec lesquels nous avons dialogué.
Nous avons assisté à l’inauguration du plus long pont du monde en présence du premier ministre coréen et sa large délégation qui ont participé à sa construction ainsi que l’entreprise française Systra.
Nous avons ensuite enchaîné les entretiens avec le Vice-Premier ministre et Ministre des Affaires étrangères, le Premier ministre, le Président de l’Assemblée nationale avant de visiter rapidement l’exceptionnelle collection Al Sabah. Nous avons enfin rencontré la communauté française, rassemblée à la résidence par notre ambassadrice Marie Masdupuy, en présence du conseiller consulaire Roland Raad. 1134 Français sont inscrits au registre consulaire dont un tiers de binationaux, communauté hétéroclite et diversifiée dont les invités étaient représentants.