La découverte d’Helsinki par la mer en provenance de Tallinn est une belle expérience. Les petites îles de rochers sur lesquelles s’accrochent quelques plantes et parfois une maison en bois introduisent avantageusement la ville.
La première rencontre avec Mari Eteläpää du ministère des Affaires étrangères dans ce lieu historique qu’est le restaurant Kappeli, suivie d’une longue conversation avec Esko Aho, ancien Premier ministre, m’ont apporté les grandes lignes des relations que la Finlande entretient avec ses voisins, sa vision géostratégique et un regard expert sur sa politique intérieure.
Complétées par Antoine Grosset, Premier conseiller, Jacques de Noray, Premier secrétaire et le lieutenant-colonel Lopez, chef de la Mission de défense de l’ambassade de France pour notre relation bilatérale nous avons ensuite rencontré Janne Kuusela, directeur général pour la politique de défense. Pour lui, les exercices inter-armées ainsi qu’une formation commune sont essentiels pour mieux se connaître. La Politique de Sécurité et de Défense Commune et l’Initiative Européenne d’Intervention sont utiles pour l’interopérabilité des autres acteurs de la région mais il devient urgent de connecter tous les éléments afin de mieux répondre à la guerre hybride et technologique. Enfin la Finlande devra gérer la PESCO et le Brexit pendant sa présidence qui débute le 1 juillet. N’oublions pas que la Finlande a fait preuve d’une grande solidarité envers la France quand celle-ci a déclenché l’article 42.7 en 2015 après les attentats terroristes en relevant un bataillon français en envoyant 160 militaires finlandais au Liban afin qu’il puisse revenir en France. Nous pourrions aussi nous inspirer de cette société de résilience que bâtissent les Finlandais.
La rencontre avec l’éditeur en chef du Helsingin Sanomat nous a permis d’aborder une gamme très large de sujets. En quittant le journal j’en ai profité pour visiter la bibliothèque nationale qui vient d’ouvrir et offre un magnifique exemple d’architecture.
J’ai aussi eu l’occasion de visiter très rapidement le bateau « Energy Oberver », premier navire à hydrogène qui fait le tour du monde sans émission de gaz à effet de serre ni particules fines. Victorien Erussard, Jérôme Delafosse et leur équipe nous ont présentés les innovations et les solutions que le mix énergétique révolutionnaire du bateau présente. Trois sources d’énergie – solaire, éolien, hydro-génération- le propulsent. Au vu du grand nombre de bateaux de croisière dans le port on ne peut qu’espérer que ce système révolutionne le transport maritime du futur.
Notre ambassadeur Serge Tomasi a réuni autour de lui la conseillère consulaire, Claude Anttila, la directrice de l’Institut français et Sylvie Nicolaiew, secrétaire générale de l’ambassade ainsi que mes interlocuteurs du matin pour aborder les questions de notre présence administrative, culturelle et éducative. Comme pour l’ensemble des postes des efforts budgétaires conséquents ont été demandés par le ministère des finances. Partout l’exercice a été conduit avec sérieux et nos ambassadeurs espèrent être entendus d’autant que la planification sur quatre ans laisse une certaine flexibilité d’ajustements des suppressions de postes demandés. Il serait dommage de retomber dans une gestion annuelle ! S’inscrire dans le temps c’est ce à quoi aspire également l’Institut français dont le déménagement au centre-ville a ouvert, pour la première fois, une vitrine à la culture française. Les 22 cercles francophones sont la preuve de l’appétence pour l’apprentissage du français tout autant que notre école primaire française homologuée, le collège européen et le lycée bilingue franco-finlandais dont il est primordial de conserver l’accord de 1977 en sécurisant le détachement du poste de proviseur adjoint au risque de voir le français relégué au statut d’option. Avec ses 1 200 étudiants Erasmus, de nombreux échanges universitaires la Finlande fait vivre l’esprit européen en assumant son plurilinguisme.
Le transfert de l’état civil de Tallinn à Helsinki, la complexification des procédures accentuent la charge de travail des agents. Je suis frappée par la motivation, le dévouement et le sens aigu du service public de celles et ceux qui sont, au quotidien, au service de leurs compatriotes. Il est temps de définir notre politique par rapport à nos moyens et de nous assurer que ceux-ci ne mettent pas en souffrance celles et ceux qui le font vivre. Nous avons besoin de stabilité et d’une planification dans le long terme. Les demandes annuelles de nouvelles économies mettent à mal l’ensemble des missions et notre réseau consulaire. J’y serai particulièrement vigilante lors du prochain débat budgétaire.