Après la décision de Paris de différer l’adhésion de la Macédoine du Nord et de l’Albanie, la séquence politique à Skopje pouvait s’annoncer compliquée. Le refus de la France nous met dans une position politique difficile mais notre ambassadeur est beaucoup intervenu de toutes les façons possibles et m’a présence a apaisé les tensions parce que c’était un signe fort.
J’ai naturellement mis en avant le vote positif du Sénat en vue de la ratification du protocole d’adhésion de la Macédoine du Nord à l’OTAN. Il va dans ce sens. Cependant, il est difficile de ne pas observer la grande déception de ce pays après les énormes efforts consentis, tel le changement de nom suite à l’accord de Prespa en février 2019 et l’accord d’amitié signé avec la Bulgarie en 2017. Si la Macédoine du Nord reconnait devoir poursuivre les réformes attendues en vue de l’ouverture des négociations d’adhésion à l’UE, l’on ne peut pas ignorer que cette décision la fait entrer dans une période politique difficile. Suite à la décision française – qui a provoqué la démission du premier ministre – des élections législatives anticipées ont été annoncées. Les partis conservateurs risquent fort de vouloir raviver les oppositions nationalistes, notamment liées au changement de nom pendant la campagne. Curieuse situation cependant où la question européenne semble avoir « soufflé » tous les autres thèmes possibles de débat politique, qu’il s’agisse de l’économie, de l’environnement ou de la lutte contre la corruption.
Dès notre arrivée avec Stanislas Mrozek, Premier conseiller, nous avons été accueilli par le directeur de l’Institut, Emmanuel Rimbert, pour une réunion sur notre présence culturelle et linguistique, en présence du directeur de l’école française de Skopje, Laurent Isel et de l’adjoint du directeur Brando Cobanov.
Nous avons participé, avec l’ambassadeur, à l’ouverture d’ une conférence à l’ Assemblée nationale sur les violences faites aux femmes qui est liée au dernier projet de loi que la majorité espère voter avant la fin de cette législature.
Nous avons rencontré Hari Lokvenec, Président de la commission de La Défense et de la sécurité accompagné par des membres des différents partis politiques. Nous nous sommes ensuite entretenu avec Antonio Miloshoski, Président de la commission des Affaires étrangères puis Artan Grubi, Président de la commission des Affaires européennes sur les perspectives européennes de la Macédoine du Nord. Tous avaient le même message de déception et souhaitaient présenter la motivation et les enjeux pour ce petit pays de 1,2 millions d’habitants de rejoindre l’UE.
Ce fut un plaisir de revoir le président Pance Ivanov ainsi que les membres du groupe d’amitié France- Macédoine du Nord que j’avais rencontrés au Sénat lors de leur déplacement en France en octobre. Revoir également la vice-premier ministre et ministre de la Défense Radmila Shekerinska et m’entretenir avec le président de l’Assemblée nationale, Talat Xhaferi.
Un dialogue continu et l’assurance que la France souhaite entretenir une relation soutenue ont été au centre des discussions avec Gowan Misovski, Vice-président de l’Assemblée nationale et Cvetanka Ivanova, Secrétaire générale de l’Assemblée nationale.
Je suis intervenue pour une session de questions – réponses, en présence d’Andrej Zernovski, vice-ministre des affaires étrangères, à l’ Académie diplomatique du ministère des Affaires étrangères ; l’occasion devant quatre-vingt personnes de revenir sur les enjeux de l’autonomie stratégique européenne (et ses rapports avec l’OTAN) développés dans le rapport adopté en juillet dernier par la commission de la défense du Sénat.
J’ai enfin donné une longue interview pour MIA qui a donné une importante couverture médiatique de la visite.
Nous sommes allés au cimetière de Skopje rendre hommage aux 3.000 morts de l’armée d’Orient (sur les 70.000 français qui tombèrent sur ce front) et y déposer une gerbe avec l’ambassadeur. J’ai offert une médaille du Sénat au musée du souvenir inauguré en mai 2018 avec le soutien du Souvenir Français et de la Mission du Centenaire 14-18 en présence du Général Irastorza. L’occasion d’ajouter la présence de la Haute assemblée à la jolie collection de médailles qu’il renferme
L’échange avec le nouveau président du parlement européen, David Sassoli, qui a choisi la Macédoine du Nord pour son premier déplacement officiel, a démontré que la diplomatie parlementaire est active à tous les niveaux. Pour nous, il ne fait aucun doute que la Macédoine du Nord appartient à l’Europe.
Retrouvez mon interview : https://nezavisen.mk/conway-mouret-france-will-give-north-macedonia-the-green-light-for-nato-soon/?lang=en