Mon déplacement en Serbie

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Premier déplacement en Serbie ! Les Balkans souffrent d’une image désuète, celle d’avoir été la dernière région en guerre du continent européen. S’y joint ce sentiment de culpabilité de n’avoir pas été à la hauteur dans la résolution du conflit. L’éclatement entre 1991 et 2001 des différentes républiques qui composaient la République Fédérative Socialiste de Yougoslavie et les violents conflits qui l’ont accompagné nous permettent de mieux comprendre ce qui fonde aujourd’hui leurs motivations d’adhésion, d’une part, à l’Union européenne (UE), d’autre part, à  l’OTAN (pour certains). La Serbie a entamé des négociations d’adhésion à l’UE en 2013 et est membre de la plupart des grandes organisations internationales. Elle entretient des relations équilibrées avec tous ses partenaires notamment la Russie, la Chine et les Émirats dont la présence est évidente à Belgrade. Elle ne reconnaît pas l’indépendance du Kosovo et les tensions entre les deux pays a interrompu le dialogue, conduit sous l’égide de l’UE, depuis 2018. Il faudra certainement attendre le résultat des prochaines élections pour que celles-ci retombent et qu’un nouveau cycle de négociations s’ouvre.

J’ai débuté ma mission par une rencontre très matinale avec notre ambassadeur Jean-Louis Falconi, le 2ème conseiller Constantin Prévélakis, l’attaché de défense, Laurent Vonderscher et la 1ère secrétaire, Swalie Lefeuvre afin de préparer les entretiens bilatéraux prévus dans le programme. 

Nous avons également parlé avec madame la consule et SGA Rebecca Bourdin, de nos compatriotes présents en Serbie. Ils seraient au nombre de 1 800 quand la communauté serbe est estimée à près de 4 900 en France et à 700 000 en Allemagne ! Le chiffre des visiteurs français est en hausse avec près de 34 400 Français recensés, dont beaucoup transitent pour aller en Turquie.

Sur le plan économique, une centaine d’entreprises est implantée mais nous ne figurons ni comme fournisseur ni comme client principaux dans ce pays de moins de 7 millions d’habitants qui connaît une forte émigration. Notre potentiel de croissance en échanges commerciaux est donc important. Nous intervenons, cependant, en soutien à l’intégration européenne, la réforme administrative, la défense et l’environnement grâce à la présence d’experts techniques que j’ai rencontrés lors de ma visite à l’Institut Français. En compagnie de son directeur, Manuel Buar, j’ai échangé avec l’ensemble des équipes, dans ce beau bâtiment, très bien situé dans la principale rue piétonne de la ville. Une belle programmation linguistique et culturelle et un rôle crucial de formation sont au cœur de l’action de l’IF dont certains agents ont une compétence régionale.

Nous sommes également très présents au sein du pôle d’expertise sur les questions de sécurité, présent à Belgrade depuis 2012, avec une coopération renforcée en matière policière, d’investigations judiciaires et de lutte contre les trafics. J’ai également abordé les enjeux de défense et des sécurité avec Sasha Arsenijevic, directeur-adjoint de la police aux frontières, Igor Novakovic, directeur de recherche à l’ISAC, Pedrag Petrovic et Sonja Stojanovic, directeurs du Belgrade Center for security policy, Andre Petrovski, directeur de la fondation Share, Strahinja Subotic, chercheur au CEP et Sonja Stojanovic.

Je me suis rendue au parlement pour rencontrer la présidente du comité de la Défense et des affaires intérieures, Marina Obradovic, et j’ai ensuite rencontré le vice-président de l’assemblée Prof. Dr. Vladimir Marinkovic. Enfin, je me suis entretenue avec le Vice-premier ministre et ministre des affaires étrangères Ivica Dacic.

Il était important de discuter avec les représentants de l’opposition dans un contexte politique difficile où sont dénoncées les ingérences extérieures et le poids donné dans des médias considérés comme trop peu indépendants à la Russie.  C’est ce que m’a confirmé Natasa Vuckovic, qui ne siège plus depuis février 2019 et dont le parti entend boycotter les prochaines élections pour dénoncer le manque de transparence de la vie publique, les atteintes portées à la liberté de la presse et la liberté d’expression. Des manifestations ont lieu régulièrement avec les mêmes revendications tandis que des pétitions sont proposées à la signature des électeurs dans le quartier piétonnier du centre de Belgrade.

J’ai ensuite rejoint le ministère de La Défense pour un entretien avec le secrétaire d’Etat, Alexandra Zivkovic en compagnie de notre attaché de défense.

La rencontre avec la représentante de Français du Monde/ADFE, Natacha Popovic et Eric Blanchetete qui, avec quelques autres amis serbes de la société civile, ont très utilement répondu à mes nombreuses questions pour mieux me faire comprendre la Serbie et les enjeux auxquels elle est confrontée.

 

Comme cela faisait longtemps – depuis celle de Kaliningrad – que je n’avais traversé une frontière et qu’il n’y a pas de meilleur moyen d’appréhender un pays que de le traverser en voiture, nous avons donc rejoint le Kosovo par la route, avec une petite pause au monastère de Manasija. Une longue conversation avec la mère supérieure et les sœurs témoigne du rôle de l’église et la place de la religion orthodoxe dans ce pays.

 

 

 

 

 

 

 

 


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