Crise de Covid-19 : gouvernance à la lanterne

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L’heure n’est pas à la polémique mais au confinement qui donne le temps de réfléchir et de s’informer et suscite nécessairement de nombreuses réflexions.

D’abord, la certitude de la solidité de nos institutions s’impose à nous. Le Sénat est passé de plus de 1 500 personnes à 150 afin que les textes proposés sur l’état d’urgence soient examinés et adoptés. Les groupes politiques se sont organisés et chacun est à son poste. Ensuite, la conférence des Présidents a adopté jeudi l’ordre du jour et chaque Vice-président prend les décisions qui reviennent à sa délégation avec le Président du Sénat. Toutes les règles démocratiques sont respectées quant à la prise de décisions.

Le Secrétaire d’État Jean Baptiste Lemoyne a organisé hier une rencontre téléphonique de plus de deux heures entre tous les parlementaires représentant les Français de l’étranger, sénateurs et députés, avec les chefs de service de la DFAE, de l’AEFE et du Centre de crise. Initiative heureuse que j’ai saluée et qui nous a permis de croiser nos observations afin d’avancer plus vite ensemble. J’ai abordé les point suivants dans mon intervention :

1. J’ai demandé en début de réunion la mise en place d’un groupe d’échanges afin que nous possédions tous les mêmes informations officielles à relayer. Une députée a demandé que seuls les députés de la majorité le soient ! La boucle vient d’être mise en place pour tous.

2. J’ai regretté la communication maladroite du Président de la République et son utilisation impropre du terme « rapatriement » quand il s’agit d’un « retour facilité » en France. Aucun avion n’est affrété pour ramener nos compatriotes en France. Notre communication nécessite la rigueur, la clarté et la précision absolues. L’impact sur les consulats et ambassades est très négatif avec des demandes auxquelles ils ne peuvent répondre par manque de personnels, de standard téléphonique, quand ils ne sont pas fermés comme cela est le cas à Barcelone pour cause de contamination. Nous avions raison de nous battre lors du débat budgétaire en décembre dernier pour conserver les crédits en baisse d’un réseau en souffrance. Nous devons repenser les économies demandées chaque année et les suppressions de postes qui en résultent dans notre réseau consulaire.

3. J’ai demandé au Centre de crise si un retour d’expérience de la crise du volcan islandais avait été fait et si les conclusions ont été utilisées afin de gérer la crise de retour en France des Français qui souhaitent rentrer.  Même problématique de transports aériens paralysés et d’impossibilité de voyager. De toute évidence, ce « Retex » n’est pas disponible et n’est pas utilisé.

4. J’ai insisté sur le besoin de renforcer encore nos réseaux et notre Agence pour l’enseignement français à l’étranger pour appliquer au mieux les directives et protéger les personnels. Certains regrettent la coupure dans l’élan d’expansion de l’enseignement français en oubliant que celui-ci repose essentiellement sur l’ouverture d’établissements privés sur lesquels aucun contrôle n’est possible. Un établissement récemment privatisé à Saint Pétersbourg est le seul encore ouvert quand tous ont fermé. Qu’adviendra-t-il des enseignants et autres personnels après sa fermeture ? Nous touchons la limite du tout privé pour atteindre l’objectif du doublement des apprenants.

5. J’ai demandé si nous pouvions dès à présent prévoir les conséquences des fermetures des établissements pour les élèves de première. La réforme Blanquer met l’accent sur le contrôle continu. Que se passe-t-il pour ce trimestre ? Quid de la tenue du baccalauréat ? 

5. Dernier point abordé : les personnels recrutés locaux. Quelles mesures sont prises pour les soutenir, quand nos Instituts, nos Alliances françaises et nos écoles ferment ? Suivant les pays, nos personnels risquent de se retrouver en grandes difficultés financières.

Comme chaque parlementaire s’est exprimé, chacun relaiera ses propres interventions. J’aurais voulu ajouter que cette crise nous permet d’apprécier le rôle des élus, notamment celui de nos conseillers consulaires, tous mobilisés sur le terrain et porteurs d’initiatives et de projets solidaires différents. Qui voulait les supprimer et voir diminuer leur nombre ? Mais chut, pas de polémiques. Cela ne nous empêche pas de tirer toutes les leçons de la crise que nous traversons et de penser à l’avenir.

 


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