En octobre dernier, il a été décidé de supprimer, à l’horizon 2021, l’Institut national des hautes études de la sécurité et la justice (INHESJ), et par voie de conséquence, l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) qui en dépendait.
Nous pouvons déplorer cette décision pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, elle remet en cause la transparence de l’action publique. En effet, l’INHESJ et l’ONDRP avaient été créés afin que les questions ayant trait à la sécurité et à la justice ne soient plus un « angle mort » de l’action des pouvoirs publics. Leur suppression représente un retour en arrière, à une époque où le ministère de l’Intérieur était le seul à communiquer sur sa propre action, et où il va le redevenir.
Ensuite, la suppression de l’ONDRP remet en cause l’existence de l’enquête de victimation « cadre de vie et sécurité » qu’il produisait. Celle-ci permettait d’estimer le « chiffre noir » de la délinquance, notamment des violences sexistes et sexuelles, c’est-à-dire la différence entre la délinquance effectivement vécue et la délinquance enregistrée par les forces de l’ordre. Si le ministère de l’Intérieur a assuré qu’il conserverait cette enquête par l’intermédiaire de ses propres services, le fait que les statistiques de la délinquance ne relèvent plus que de sa seule prérogative fragilise leur indépendance.
Enfin, cette décision intervient dans un contexte où l’opinion publique exige une transparence accrue de la part des pouvoirs publics.
La réforme de l’État s’inscrit ici dans une simple logique budgétaire, avec une diminution du périmètre de ses services, sans aucune évaluation de leur sens et de leur efficacité.
Retrouvez ci-dessous ma question écrite au Premier ministre sur les conséquences de la suppression de l’INHESJ ainsi que mon courrier sur la suppression de l’ONDRP.