J’ai participé au colloque sur l’état de l’Europe, organisé par le think-tank bruxellois « Friends of Europe », qui s’est tenu du 12 au 15 octobre en visioconférence, du fait de la crise sanitaire.
Je suis intervenue dans une table-ronde dédiée à l’autonomie stratégique de l’Europe, thème auquel j’ai consacré un rapport d’information parlementaire l’année dernière, et ceci aux côtés de Dan Mircea Geoana, Secrétaire-Général adjoint de l’OTAN, Joao Gomes Cravinho, Ministre de la défense du Portugal, Pawel Herczynski, Directeur de la Politique de sécurité et de défense commune au Service européen pour l’action extérieure, et Nathalie Tocci, Directrice de l’Instituto Affari Internazionali et conseillère spéciale du Haut représentant de l’Union Josep Borrell.
Seule oratrice française de ce panel, le modérateur de cette discussion, Jamie Shea, a souhaité recueillir mon point de vue sur le rôle moteur que joue la France dans le développement du concept d’autonomie stratégique de l’Europe et sur sa capacité à rassembler tous ses partenaires autour d’un projet commun de défense européenne au-delà de leurs divergences.
J’ai d’abord voulu réaffirmer que la défense européenne et l’OTAN ne sont pas antinomiques et doivent être conçues comme une double assurance de sécurité pour les citoyens européens. Il est important de rappeler, face aux craintes exprimées par nombre de nos partenaires européens, que lorsque la France défend l’idée de la nécessaire autonomie stratégique de l’Europe, c’est pour défendre les intérêts du continent, et non pas pour concurrencer l’OTAN.
Toutefois, ce que la France met en exergue, parfois avec maladresse ou avec impatience, c’est la difficulté de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord d’apporter des solutions à certains conflits, tels que celui qui oppose actuellement l’Azerbaïdjan et l’Arménie. L’OTAN ne peut pas tout et la solidarité européenne est la plus à même de répondre aux défis dont certains menacent nos démocraties.
Enfin, la France, compte-tenu de son Histoire et de sa culture, en préservant une armée professionnelle et complète qui inclut la dissuasion nucléaire, a certes une place particulière sur la scène internationale. Mais n’est « leader » que celui dont la vision est partagée par ceux qui le suivent. La « boussole stratégique », qui a été lancé lors la présidence allemande de l’Union européenne et qui sera finalisée sous la nôtre en 2022, sera l’occasion d’inviter l’ensemble des Européens autour d’une table afin de définir une analyse de nos menaces et de nos besoins respectifs. Je suis certaine que ce travail démontrera que nous avons plus de points communs que de différences, et que nous pouvons justement faire de ces différences notre force.
Retrouvez ci-dessous la vidéo de mon intervention :