Le revirement de position du gouvernement, en à peine 24 heures, sur la suspension des liaisons aériennes entre la France et le Brésil, illustre – s’il le fallait encore – son impréparation et son incohérence dans la gestion de la pandémie. Cette décision est inquiétante à plus d’un titre.
Tout d’abord, elle est arrivée avec un temps de retard. Alors que le variant brésilien du Covid-19, dit « P1 », émergeait dès le mois de décembre 2020 dans la région de Manaus et aggravait significativement la situation sanitaire au Brésil depuis le mois de février dernier, il a fallu attendre la mi-avril pour que la France réagisse. Alors que la pandémie a éclaté il y a plus d’un an, nous devrions être capables de mener une politique de prévention et d’anticipation, et non plus de réaction toujours trop tardive, dont les conséquences sur le plan humain et économique sont désastreuses.
Pire encore, elle était insuffisante. Car cette mesure, prise à l’improvisade par le gouvernement pour se parer des accusations d’inaction et d’impuissance à son égard, n’a été complétée que plusieurs jours plus tard par l’instauration d’une quarantaine obligatoire de dix jours pour les voyageurs en provenance du Brésil, d’Argentine, du Chili, d’Afrique du Sud et de Guyane. J’approuve ces annonces que je sollicite de longue date, puisque j’avais interpelé le ministre des Solidarités et de la santé dès le mois de janvier sur la nécessité de mettre en place des contrôles de l’isolement (cliquez ici pour retrouver ma question écrite à ce sujet).
Enfin, elle reflète l’absence de stratégie globale face à une crise d’ampleur mondiale. La solution de suspendre les vols entre certains pays européens, comme la France ou le Portugal, et le Brésil, n’est que parcellaire, sans réelle efficacité au niveau européen. A quand un accord entre les pays de l’espace Schengen pour une harmonisation des mesures ?
Et surtout, à quand l’arrêt des décisions extrêmes – comme l’interdiction de rentrer chez soi – prises de façon aléatoire et qui changent sans cesse ?
Retrouvez ci-dessous mon interview pour Public Sénat :
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