Retour des Talibans en Afghanistan : audition de l’ambassadeur et d’une députée afghane

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Mercredi 29 septembre, la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat a auditionné l’ambassadeur de France en Afghanistan David Martinon et une députée afghane, l’une des rares femmes de la délégation de l’ancien régime de Kaboul qui négociait avec les Talibans à Doha, Mme Fawzia Koofi.

Leur témoignage nous a démontré que les Talibans de 1996 et ceux de 2021 sont les mêmes : leur idéologie liberticide et rétrograde fondée sur une application stricte de la Sharia est restée intacte et a d’ores-et-déjà des conséquences sur la vie des Afghans, en particulier des Afghanes : le ministère des affaires féminines a été remplacé par celui de la promotion de la vertu et de la prévention du vice ; les femmes employées par la municipalité ont été renvoyées ; les jeunes filles n’ont pas été autorisées à retourner à l’école ; la mixité dans les universités ne sera plus autorisée ; les manifestations en faveur des droits des femmes ont été réprimées et de nombreuses femmes ont déjà cessé leurs activités pour éviter les représailles.

En revanche, les Talibans ont bien compris que la seule répression ne leur permettra pas de gérer un pays dont la société a évolué depuis vingt ans et d’asseoir leur pouvoir dans la durée. Au lieu de se couper du monde, le régime mise sur un nouveau mode de communication et cherche de nouveaux soutiens, notamment la Russie, la Chine, la Turquie, l’Iran et le Qatar qui étaient officiellement conviés à la présentation de leur gouvernement.  

La communauté internationale – la France et l’Union européenne au premier chef – dispose là d’un levier pour faire pression sur le régime taliban en quête de légitimité et ainsi soutenir la population afghane usée par de longues années de guerres successives. Car « la politique de la chaise vide n’aidera en aucune manière la population afghane face à un régime qui est tout sauf isolé » (Pierre Haski, 7 septembre 2021).


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