Début novembre, la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat recevait en audition le secrétaire général du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, M. François Delattre.
Dans le contexte de la réforme de la haute fonction publique, qui affectera le ministère, j’ai saisi cette occasion pour l’interroger sur les futures modalités de recrutement des secrétaires des affaires étrangères, sur la création de 43 postes supplémentaires annoncée par le ministre Jean-Yves Le Drian pour 2022 ainsi que sur le bilan de deux initiatives récentes (le Collège des Hautes Etudes de l’Institut diplomatique (CHEID) et l’Académie diplomatique d’été).
Le secrétaire général n’a pas répondu à ma question sur les 43 postes supplémentaires créés mais nous savons désormais que 40 de ces postes seront des postes d’apprentis, ce qui est très regrettable puisque cela ne résoudra pas sur le long terme l’insuffisance des ressources humaines, révélée de façon criante par la crise sanitaire.
Retrouvez ci-dessous mon intervention et la réponse du secrétaire général :
Mme Hélène Conway-Mouret – Je voudrais quelques précisions sur les futures modalités de recrutement au sein du ministère du corps des secrétaires des affaires étrangères.
En deuxième lieu, quel bilan dressez-vous des deux initiatives de création du Collège des hautes études de l’institut diplomatique (CHEID) et de l’Académie diplomatique destinés aux jeunes qui s’intéressent à la politique étrangère ?
Par ailleurs, lors de sa récente audition, le ministre de l’Europe et des affaires étrangères a annoncé la création de 43 postes supplémentaires en 2022. De quel type de poste s’agit-il et dans quels domaines de l’action diplomatique et consulaire seront-ils déployés ?
Enfin, je m’inscris en faux par rapport à ce que vous avez dit à propos de l’Institut français de Valence, estimant qu’il s’agit d’un cas isolé. Je vous rappelle que la fermeture de l’Institut français d’Oslo reste incompréhensible. Les professeurs licenciés ont créé une école de langues privée ôtant ainsi à un futur institut français, s’il devait être recréé, la possibilité de tirer des revenus appréciables de cet enseignement.
M. François Delattre – (…) Dans le cadre de la réforme du ministère que porte le Ministre, l’un des objectifs est en effet d’investir des ressources nouvelles en matière de formation initiale et continue pour professionnaliser davantage encore nos métiers, acquérir de nouveaux savoirs et mieux investir ce faisant les nouveaux champs de négociation. Il s’agit de fusionner, dans une école diplomatique et consulaire, les différents instruments qui existent aujourd’hui, et qui fonctionnent d’ailleurs bien, parmi lesquels l’IDC, créé en effet à la suite du rapport Gouteyron, mais aussi le CHEID que vous avez cité également, qui permet de faire découvrir de l’intérieur notre diplomatie à de nombreux acteurs extérieurs de grande qualité, dont plusieurs parlementaires que le Quai d’Orsay est particulièrement heureux et honoré d’accueillir dans ce cadre.
Le premier bilan que l’on peut tirer du CHEID est particulièrement positif. Je préside le comité de sélection des auditrices et auditeurs et suis frappé par la très grande qualité des candidatures que nous examinons : parlementaires, même s’il y en a moins cette année du fait des élections, journalistes, personnes de la société civile, petites ou grandes entreprises, think tanks.
J’ai approuvé hier, sur la base des recommandations du directeur du collège, Pierre Thénard, le recrutement de la troisième promotion du CHEID, qui est un vrai succès. Ceux qui ont suivi les deux premières promotions du CHEID sont très élogieux sur la manière dont ils ont pu entrer ainsi en contact avec le coeur battant de notre diplomatie. Et je suis très reconnaissant à l’équipe du CHEID mais aussi à toutes les équipes du Quai d’Orsay qui, dans un emploi du temps souvent extrêmement lourd, ont ouvert leurs portes à ces auditrices et à ces auditeurs pour leur montrer le dessous des cartes.
Je ferai la même remarque pour ce qui est de l’Académie diplomatique d’été, initiative très novatrice du Ministre pour ouvrir le Quai d’Orsay au coeur de l’été à des élèves potentiellement intéressés mais qui ne viennent pas des viviers dans lesquels nous recrutons habituellement. Nous avons découvert chez beaucoup de ces jeunes élèves, dans la très grande qualité de leurs questions et de leurs échanges avec nous, cette même passion qui nous habite. Ces rencontres ont été, de l’avis unanime, extrêmement fécondes et importantes et nous sommes déterminés à inscrire cette initiative dans la durée.
Madame la ministre, les concours des SAE resteront les mêmes. Les modalités de recrutement ne sont pas touchées par la réforme de la haute fonction publique. Ces modalités seront donc appréciées en interne, avec un souci d’ouverture à la diversité et à la parité, ce qui est déjà très largement le cas pour les SAE. En revanche, ce sont les conditions de promotion et de parcours de ces SAE – quelque 900 agents – qui font l’objet de discussions interministérielles pour s’assurer qu’ils puissent avoir accès au corps de l’encadrement supérieur de l’État et donc au futur corps des administrateurs de l’État dans les conditions les plus favorables possibles. Comme je l’ai souligné dans mon propos introductif, c’est pour le Ministre et pour nous une priorité de tout premier plan.