A l’invitation du président de l’Association Jean Monnet, Henri Malosse, j’ai eu la chance de participer la semaine dernière à une rencontre en format « Normandie » avec des collègues allemands, russes et ukrainiens sur le thème « Russie-Ukraine : comment sortir de l’impasse ? ». Le but de cet évènement – qui offre un bel exemple de diplomatie parlementaire – était d’accompagner les efforts fournis par les exécutifs de nos quatre Etats pour apaiser les tensions à la frontière russo-ukrainienne. Il s’agissait également de permettre à l’Europe de s’exprimer sur un sujet qui la concerne au premier chef – puisqu’il s’agit d’un conflit qui a lieu sur le continent européen – mais qui a jusqu’a présent été presque exclusivement traité dans le cadre du dialogue bilatéral entre la Russie et les Etats-Unis.
Dans mon intervention, j’ai rappelé le cadre fondamental que constituent les accords de Minsk négociés en 2014-2015 à l’initiative du président François Hollande et de la chancelière Angela Merkel, et j’ai insisté sur le fait que les options militaires n’offraient aucune solution pérenne, seule la diplomatie permettant de parvenir à une paix durable.
Retrouvez le texte de mon intervention ci-dessous :
Je tiens tout d’abord à remercier le président de l’association Jean Monnet, Henri Malosse, pour l’initiative de cette rencontre, ainsi que tous ceux qui ont participé à son organisation, notamment mon collègue sénateur Sébastien Meurat. Elle se tient en effet à un moment particulièrement opportun compte tenu des efforts diplomatiques que fournissent actuellement nos quatre pays pour tenter d’apaiser les tensions à l’Est du continent européen.
La situation n’est pas des plus faciles – il faut bien le reconnaître – mais chacun essaie d’apporter sa contribution à la résolution du conflit qui sévit dans le Donbass en Ukraine depuis 2014. La France entretient des relations de longue date avec la Russie et avec l’Ukraine – elle a été l’un des premiers États à reconnaître la Russie comme État successeur de l’URSS et l’Ukraine après son indépendance en 1992 (les relations diplomatiques franco-ukrainiennes viennent de fêter leur 30ème anniversaire). C’est sans doute ce qui explique le rôle moteur qu’elle joue aux côtés de l’Allemagne via les accords de Minsk. Ces accords, conclus en 2014-2015 à l’initiative du président François Hollande et de la chancelière Angela Merkel, constituent la pierre angulaire du processus de pacification même si leur application se heurte à des difficultés.
Je souhaite rappeler ici mon attachement au format « Normandie », dans lequel nous nous réunissons aujourd’hui au niveau parlementaire : c’est ce format qui a permis d’aboutir à la conclusion des accords de Minsk et qui permet encore aujourd’hui d’obtenir des avancées concrètes dans la mise en œuvre des engagements pris par les différentes parties. Il a parfois été dit que ce format n’était plus pertinent parce qu’il ne s’était pas réuni depuis 2019 mais la rencontre de nos quatre chefs d’État le 26 janvier à Paris montre que c’est faux, d’autant que le communiqué adopté à l’issue de cette rencontre affirme la volonté des quatre parties de poursuivre les travaux du format « Normandie ».
La France est déterminée à faire en sorte que les discussions menées dans ce cadre soient constructives. La politique étrangère française a en effet toujours été animée par la volonté de dialoguer avec tous et de jouer un rôle de médiateur pour faciliter les échanges entre ceux qui ne parviennent plus à se parler. Aujourd’hui, elle porte en particulier ces ambitions au niveau européen, de concert avec nos partenaires. Grâce à la coopération franco-allemande, la diplomatie européenne joue un rôle dans la résolution de ce conflit qui nous concerne au premier chef puisqu’il se déroule sur notre continent.
Toutefois, dialoguer ne signifie pas tout accepter et, à cet égard, la France ne reconnaîtra jamais l’annexion de la Crimée qui est contraire au droit international et aux engagements souscrits par la Russie. Elle est attachée au respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, deux principes qui sont au fondement de l’ordre international et consacrés à l’article 2 de la Charte des Nations-Unies.
Il me semble important de rappeler que les solutions militaires n’existent pas. Bien que le chemin de la diplomatie soit parfois – voire souvent – tortueux et semé d’embuches, c’est le seul qui mène à la paix – et je crois profondément à la diplomatie parlementaire. Nous, les parlementaires, sommes des hommes et des femmes de terrain, qui avons l’habitude de travailler les uns avec les autres et qui disposons parfois de plus de marges de manœuvre que les gouvernements pour faire vivre le dialogue au quotidien. Je ne doute pas que les échanges que nous aurons aujourd’hui en témoigneront et je formule le vœu qu’ils contribuent à une désescalade des tensions.