Lors de mon déplacement au Maroc mi-février, j’ai été alertée sur le projet de suppression des postes des directeurs des Instituts français de Fès, Tanger et Agadir. Convaincue que la diplomatie culturelle et d’influence est l’un des piliers de la diplomatie française et qu’elle contribue grandement au rayonnement de notre pays à l’étranger, j’ai décidé d’interroger le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères à ce sujet. Retrouvez ma question écrite ci-dessous :
« Madame Hélène Conway-Mouret interroge Monsieur Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, à propos du projet de supprimer les postes des directeurs des Instituts français de Fès, Tanger et Agadir au Maroc.
Dans un tel cas de figure, les Instituts français concernés seraient alors dirigés par les consuls, qui n’ont pas nécessairement une aussi bonne connaissance du domaine culturel. En outre, ils ont déjà de nombreuses autres attributions, de sorte qu’ils auraient peu de temps à consacrer à la direction effective des Instituts français.
De telles suppressions de postes font écho à la fermeture envisagée des Instituts français d’Oslo et de Valence, finalement abandonnée au profit d’une restructuration de ces établissements, qui se répercute néanmoins négativement sur l’action culturelle de la France à l’étranger puisque ces Instituts doivent désormais fonctionner avec des moyens humains et financiers drastiquement réduits. Les cours de langues ont été supprimés, un certain nombre de professeurs licenciés et les activités culturelles se limitent à des actions hors les murs. Tout ceci constitue une perte de revenus considérable pour ces Instituts. Ces deux exemples marquent le stade ultime de la dispersion de notre présence culturelle à l’étranger et il serait regrettable que cette évolution gagne d’autres pays, notamment le Maroc.
En effet, ce pays est l’un des plus francophiles et francophones au monde et il représente donc un terrain privilégié pour la coopération culturelle. La suppression envisagée de trois postes de directeurs d’Instituts français est par ailleurs incohérente avec les objectifs que s’est fixé le ministère : la feuille de route de l’influence, publiée à la fin de l’année 2021, place la diplomatie d’influence au cœur de l’action de la France, prenant acte de l’existence sur la scène internationale d’une « bataille des narratifs et des modèles », pour reprendre les termes du ministre lui-même. La course aux économies conduit ainsi à des mesures contraires aux buts de la politique étrangère française. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que durant la crise du coronavirus, les Instituts français ont accompli un travail exemplaire et qu’ils jouent aujourd’hui un rôle majeur dans la relance de la vie culturelle locale.
Dans ce contexte, la sénatrice demande au ministre s’il n’existe pas une mesure alternative à la suppression de ces trois postes, qui serait moins pénalisante pour la diplomatie d’influence française au Maroc. Au-delà de ce cas particulier, elle lui demande de clarifier la politique menée à l’égard des Instituts français qui lui semble contraire au renforcement annoncé du « soft power » de la France. »