J’ai répondu aux questions de Marlène Panara pour les FrançaisÀL’Étranger.fr sur les difficultés rencontrées par nos compatriotes pendant la crise sanitaire et sur les dispositifs qui auraient besoin d’être améliorés.
Vous pouvez retrouver l’interview ci-dessous :
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Français à l’étranger (FAE) : Deux ans après le début de la crise sanitaire, quel bilan tirez-vous de cette période ?
Hélène Conway-Mouret (H. C.-M.) : Pour la première fois, une pandémie a touché toute la planète. Le soutien apporté par nos postes diplomatiques à nos compatriotes en cas de crise devait être global et local. Les parlementaires ont voté des crédits d’aide d’urgence et demandé des réunions avec le ministère afin de guider son action dans le soutien à apporter. Les conseillers des Français de l’étranger et les associations ont joué un rôle central : à la fois par les informations qu’ils nous faisaient remonter en temps réel mais surtout par le soutien qu’ils ont apporté sur place, alors que la plupart des consulats étaient fermés ou qu’ils n’assuraient qu’un service minimum. Il faut noter que la solidarité s’est exprimée partout et que chacun a fait de son mieux.
Ce que je retiens aussi de cette crise, c’est que nous avons besoin d’une information fluide et continue entre les élus et l’administration afin de répondre au plus vite aux besoins de nos compatriotes. Il ne sert à rien de communiquer comme cela a été fait par le secrétaire d’État sur le rapatriement des Français ou sur leur vaccination, alors que les consulats n’étaient ni au courant ni organisés pour le faire. Ils ont été submergés de demandes auxquelles ils ne pouvaient répondre.
Les crédits débloqués n’ont par ailleurs pas été utilisés. Leur octroi doit être repensé ainsi que la façon d’en faire la demande. Enfin, le manque de personnel dans les consulats a démontré que nous ne pouvons plus demander d’économies supplémentaires à ce ministère. J’espère que toutes les leçons ont été tirées afin nous ne soyons plus dans la réaction.
Les conséquences de la pandémie se vérifie aujourd’hui. Pour la première fois, le nombre de Français à l’étranger est en recul de 5%, selon le dernier rapport des Français établis hors de France.
FAE : Quelles ont été les principales difficultés auxquelles vous avez fait face ?
H.C.-M. : Elles ont été de deux ordres. D’une part, la mise en place de motifs impérieux a pénalisé de nombreux compatriotes. Cette décision parfaitement illégale a eu des conséquences dramatiques sur les familles. D’autre part, la réduction du nombre de visas délivrés pour les étudiants étrangers m’a demandé de nombreuses interventions pendant tout l’été afin qu’ils puissent arriver à temps pour faire leur rentrée universitaire. Enfin, je ne peux que déplorer la lenteur et parfois l’absence de réponses apportées par le cabinet du secrétaire d’État.
FAE : La gestion de la crise a-t-elle été différente selon les pays pour les Français établis à l’étranger ?
H.C.-M. : Oui, tout à fait. Certains pays ont de solides politiques publiques, notamment en Europe et dans une moindre mesure en Amérique du Nord où nos ressortissants ont bénéficié des programmes de vaccinations locaux et d’un accès gratuit aux tests.
Mais la question de la reconnaissance vaccinale entre les pays pose encore problème. C’est le cas entre l’Asie, la Russie et l’Europe. Cela force nos ressortissants à se faire vacciner parfois jusqu’à cinq fois pour être en conformité avec les règles européennes.
FAE : Cette crise a-t-elle aussi permis de déployer de nouveaux moyens en matière de protection sociale ?
H.C.-M. : L’État a lancé des aides SOS Covid-19 pour les Français de l’étranger qui ont subi une baisse de revenus conséquente. Cette aide d’environ 150 euros par personne a eu le mérite d’exister. Mais malheureusement le dispositif n’a pas été élaboré en concertation avec les élus de terrain. Sur les 50 millions de crédits alloués, environ un quart n’a pas été consommé et une grande partie a servi à l’envoi de vaccins à l’étranger.
En outre, dès le 8 avril 2020, la CFE a mis en place une assurance spécifique « Covid-19Expat Santé » qui prenait en charge les soins ou les hospitalisations liés au coronavirus à l’étranger, pour une cotisation réduite, d’une durée minimale de six mois. Elle couvrait la vaccination dans tous les pays, les consultations médicales liées au virus, les frais des tests de dépistage, des examens de sérologie, et de pharmacie.