Lors du Conseil d’administration de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger qui s’est tenu jeudi 30 juin, le Conseiller des Français de l’étranger et administrateur François Ralle Andreoli a fait une déclaration en nos deux noms et interrogé la soutenabilité du plan de doublement des effectifs à l’horizon 2030 dans un contexte de tension de l’ensemble du réseau.
Retrouvez la déclaration de François Ralle Andreoli ci-dessous :
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Monsieur le Président du Conseil d’administration, Monsieur le directeur de l’AEFE, Mesdames Messieurs les administrateurs de l’AEfE,
Dans un premier temps, nous voudrions soulever quelques points de satisfaction. Nos établissements dans beaucoup d’endroits de la planète sont enfin revenus à une forme de normalité, après la difficile période de pandémie. Il faut s’en réjouir et féliciter les enseignants et les personnels de direction qui ont su faire face à ce moment si difficile. Les élèves du réseau viennent de passer les épreuves du bac dans des conditions satisfaisantes et ont enfin eu droit aux graduations de fin d’année ou autres sorties scolaires dont ils avaient été longtemps privés. Les retours du terrain pour ce qui est de l’orientation post bac, en particulier vers les filières d’excellence comme sciences Po Paris, sont bien meilleurs que l’année dernière. Nous remercions l’Agence pour les démarches entreprises dans ce sens.
Il reste pour autant des points d’interrogation pour cette rentrée 2023. D’abord, la question de nos établissements en Ukraine, mais aussi en Russie. La présence du modèle d’éducation français à Kiev ainsi que l’engagement moral vis a vis des familles et des personnels locaux doivent rester là priorité de la France et du MEAE.
Dans un contexte international incertain, l’envolée des prix dans de nombreux pays pose la question du maintien des frais de scolarité dans des proportions raisonnables, alors qu’ils ont déjà connu une forte appréciation depuis 15 ans, très souvent au dessus de l’inflation et en raison du retrait du soutien de l’État. Une réflexion globale devrait avoir lieu sur cette question car des effets de seuil se produisent pour des familles de plus en plus nombreuses de la classe moyenne qui quittent nos établissements.
Enfin , la question du recrutement et de l’attractivité du réseau pour les enseignants et les personnels marquera les années à venir.
Dans le réseau des établissements partenaires, le problème de la fixation par décret prévue par l’article 281 de la LF 2021 du taux de cotisation des pensions civiles des personnels détachés directs reste entier malgré l’abrogation du décret 2002-705. Et c’est une réflexion globale sur la précarité du statut de ces personnels qui devrait avoir lieu. Ainsi les pratiques dénoncées au précédent CA continuent à se reproduire : renouvellement de détachement inférieurs à 3ans ou même licenciements secs…
Pour les personnels résidents, il est dommage que le dialogue social n’ait pas donné un accord plus consensuel autour du nouveau décret et nous redoutons des mouvements sociaux, dans un réseau fragilisé.
N’est il pas temps justement, dans ce contexte incertain et trouble de faire une pause, un bilan, d’avoir un temps de respiration dans un plan d’expansion pour le doublement des élèves qui consomme beaucoup d’ énergies de l’opérateur public ? Est-il réaliste, quoiqu’il en soit, de continuer cette expansion à moyens constants pour ce qui est de la subvention de l’agence ou en baisse pour celles de l’enveloppe des bourses, censées accompagner la croissance du réseau ?