Ma participation au Conseil d’administration de l’AEFE

Partager cet article

Je suis intervenue au Conseil d’administration de l’Agence pour l’enseignement du français à l’étranger avec un ordre du jour particulièrement chargé. A la veille du projet de loi de finances, j’ai souhaité rappeler que l’AEFE est un modèle à préserver mais qui doit s’adapter. La crise sanitaire et la crise économique impactent les établissements qui augmentent toujours plus les frais de scolarité pour répondre au manque de trésorerie. Les familles déjà victimes d’une inflation galopante et d’un taux de change défavorable ont du mal à payer les frais d’écolage, certaines quittent nos établissements. Le doublement du nombre d’élèves voulu par le Président de la République semble inatteignable sans réels moyens budgétaires supplémentaires et sans possibilité d’emprunt. J’ai salué le courage de la communauté éducative qui a bien résisté à la pandémie mais qui souhaite, au-delà de la reconnaissance de l’agence, des moyens supplémentaires pour continuer à maintenir un enseignement de qualité. La subvention de l’état est essentielle pour défendre notre modèle d’excellence que beaucoup de pays nous envient. Concernant les crédits alloués pour le PLF 2023, 10 millions sont provisionnés pour les établissements français au Liban, 13 millions pour financer l’augmentation du point d’indice des fonctionnaires, et 7 millions d’euros sont provisionnés pour financer la moitié de la réforme du statut des personnels détachés, le compte n’y est pas et il manque encore 7 millions d’euros supplémentaires. Ce PLF 2023 ne permettra pas d’augmentation suffisante des rémunérations des personnels et ne répond pas aux difficultés de recrutement avec un plafond d’emploi constant à 5604 ETP. Les moyens de l’établissement public ne sont pas à la hauteur des enjeux de développement du réseau voulu par le Président de la République, c’est pourquoi j’ai voté contre le budget 2023 présenté au sein de ce conseil d’administration.

Le président du Conseil d’administration et le directeur de l’AEFE ont rappelé que la rentrée scolaire 2022 s’est passée presque à la normale malgré la persistance du COVID dans certains pays comme en Chine qui reste très impactée. 68 établissements EGD scolarisent 20% élèves du réseau ; 162 établissements conventionnés scolarisent 30% des effectifs, 337 établissements partenaires scolarisent 50% des effectifs. Ils ont salué le travail effectué par l’agence qui accueille 72 nouveaux établissements supplémentaires. Toutes les régions ont enregistré une hausse des effectifs à l’exception du continent européen fortement marqué par la crise ukrainienne et russe. La direction a rappelé que les établissements conventionnés devaient prendre leur part de moitié pour répondre au Cap 2030 voulu par le Président de la république.  Le déploiement de nouveaux établissements reste encore handicapé par leur développement immobilier. Les IRF se mettent en place, et au 1er janvier prochain, les 16 IRF seront actifs. L’objectif du doublement des effectifs ne peut pas résumer à lui seul la stratégie de promotion de la langue française de 2018 et a toujours été pondéré par une exigence de qualité.

Les syndicats et les représentants des parents d’élèves ont relayé les grandes préoccupations des personnels et des familles impactés par la crise économique et par la faiblesse de leur pouvoir d’achat. La hausse des frais de scolarité détourne certaines familles françaises, notamment la classe moyenne, des établissements de notre réseau. La question de l’attractivité est au cœur des priorités comme l’inflation au cœur des préoccupations, ce qui génère des difficultés de recrutement des personnels comme c’est le cas en France.   De nombreux postes de résidents sont toujours non pourvus à la rentrée impactant la qualité de l’enseignement. Les syndicats regrettent que les EGD ne constituent plus le cœur du dispositif du développement de l’AEFE. Ils s’inquiètent d’un risque accru de privatisation. Durant la pandémie, ils ont rappelé que la résilience du réseau avait aussi été rendue possible grâce aux efforts de la communauté éducative. Les familles ont joué notamment un rôle déterminant grâce à la mise en œuvre des caisses de scolarité. Alors que l’augmentation des frais scolarité met de côté de plus en plus de familles, les syndicats ont rappelé le rôle essentiel de l’AEFE en tant qu’acteur de la mixité sociale et ont posé la question d’une stabilisation à terme des frais de scolarité.


Partager cet article