C’est toujours avec le même plaisir que je me rends à Beyrouth pour une mission, trop courte selon moi, de deux jours. La vacance institutionnelle et l’incapacité de la classe politique à parvenir à un compris pour élire un président entraînent de graves difficultés économiques et financières, exacerbées par la crise mondiale due à la guerre en Ukraine.
Ma première rencontre politique a d’ailleurs été, dès le soir de mon arrivée, avec le député, candidat à la présidentielle, Michel Moawad, président du Mouvement pour l’indépendance pour m’entretenir sur la situation très préoccupante du pays, en compagnie de Rita Maalouf, qui a beaucoup œuvré dans l’organisation de ce déplacement. Le Liban reste et restera toujours une priorité pour la France, parce que nous avons toutes et tous besoin d’un Liban fort et stable dans une région qui ne l’est pas.
J’ai commencé ce séjour par deux réunions de cadrage : la première consacrée aux questions de politique intérieure et de sécurité, présidée par notre ambassadrice Anne Grillo, et la seconde axée sur les affaires consulaires animée par le consul général Julien Bouchard.
Par la suite, avec les conseillers des Français de l’étranger Ghassan Ayoub, Denise Revers-Haddad, Ziad Nassour, Lucas Lamah et Rola Assi, j’ai participé à une réunion avec les représentants des douze établissements scolaires français conventionnés au Liban en présence de la Conseillère d’action et de coopération culturelle, également directrice de l’IF, Sabine Sciortino et son adjoint Guillaume Duchemin. J’ai profité de ma présence à l’Institut français pour discuter de la programmation culturelle actuelle et à venir avec sa directrice et des actions de coopérations qui sont nombreuses. J’ai terminé cette matinée par une entrevue avec deux coopérants techniques français qui travaillent dans des administrations libanais : Karl Gedda, auprès de l’Ecole supérieure des affaires, et Erick Garnier, auprès du ministère de l’Education et de l’Enseignement supérieur.
L’après-midi, j’ai rencontré le ministre de la Défense du Liban Maurice Sleem, accompagnée par l’ambassadrice et l’attaché de défense, le colonel Grigory Medina.
Du ministère, je me suis rendue au consulat de France pour assister à une cérémonie de remise de décret de nationalité française en présence du consul Julien Bouchard et des élus consulaires. Un événement symbolique, et pour beaucoup fort en émotion, auquel je tenais réellement à être présente.
En début de soirée, j’ai eu le privilège de rencontrer et échanger avec la grande figure politique du Liban, également président du parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, pour parler de la sortie de crise absolument essentielle et urgente pour le Liban.
J’ai ensuite accordé une interview télévisée à Marc Saikali pour le média Ici Beyrouth. J’ai particulièrement insisté sur le fait que le sauvetage du Liban ne se fera pas de l’extérieur. La jeunesse, certainement une des plus résilientes que j’ai été amenée à rencontrer, est l’avenir de ce magnifique pays. Elle doit se mobiliser, s’engager pour donner une chance au Liban de redevenir une grande nation.
J’ai conclu cette première journée, incroyablement dense, par une réception donnée à la Résidence des Pins par l’ambassadrice Anne Grillo, en compagnie de nos élus consulaires et des représentants d’affaires et d’ONG. Ce fut l’occasion de discuter avec les conseillers des Français de l’étranger des problématiques lourdes qui touchent nos compatriotes établis dans le pays, et notamment les carences et les pénuries ainsi que la question des comptes bancaires qui a de lourdes répercussions sur leur quotidien.
Le lendemain, j’ai commencé par un échange, avec notre consul Julien Bouchard, autour des volontaires solidarité internationale (VSI) déployés partout au Liban et qui œuvrent dans des ONG pour apporter une aide au développement ou d’urgence humanitaire. Leur engagement, pour lequel j’ai tenu à les féliciter, est remarquable et il honore la France et ses valeurs humanistes.
J’ai ensuite pris la route pour retrouver au ministère de la Défense le chef d’état-major des armées, le général Joseph Aoun. Le long entretien que nous avons eus nous a permis d’aborder l’excellente coopération que nous avons entre nos deux pays, la gestion des questions de sécurité à la fois maritimes et terrestres ainsi que l’énorme défi que pose aux forces de sécurité la présence de près de deux millions de réfugiés syrien sur le sol libanais.
Les représentants de notre poste diplomatique et nos conseillers font un formidable travail de représentation, d’appui et d’accompagnement pour nos compatriotes, qui pour moi symbolisent ce destin parfois tragique, souvent magnifique et qui jamais n’indiffère, celui de la relation franco-libanaise. Les échanges que j’ai eus avec de très nombreuses personnalités libanaises me confortent dans l’idée que ce pays rebondira comme il l’a toujours fait après chaque crise qu’il a traversé.
Dans ces temps troublés, accrochons-nous à ces quelques mots :
« Le Liban, c’est l’Europe et l’Asie se fondant en molles caresses. C’est pour tout voyageur un peu lassé du soleil et de la poussière, une oasis maritime où l’on retrouve cette chose si gracieuse et si désirée qu’est la paix« .