Nous remercions l’ensemble des élus qui nous ont fait remonter les problématiques locales que nous avons présentées oralement et par écrit. Nous avons réitéré notre soutien à l’AEFE alors qu’un autre modèle est aujourd’hui soutenu : celui d’un enseignement français dispensé par des établissements privés. Ce réseau est solide. Il sait faire face aux crises successives grâce à une communauté éducative très engagée – nous rendons hommage aux personnels du Liban – et il demeure notre meilleur outil pour faire face à une concurrence aux moyens financiers importants que nous encourageons avec l’ouverture de nombreux établissements privés pour répondre au vœu du président de doubler les effectifs en 2030.
Préserver l’attractivité du réseau
Nous avons insisté sur l’attractivité à la fois pour les familles et pour les personnels enseignants qui est essentielle pour résister à la concurrence. Pour cela l’AEFE doit être d’une réactivité optimale dans la gestion des crises quand il est question de la sécurité sanitaire des enfants et des personnels comme cela est le cas à Pointe Noire. L’agence doit garantir un cadre de travail serein et de confiance comme à Rabat et à Mumbai, pour éviter toute menace de de-conventionnement. La mise en place d’un soutien psychologique pour les enfants est nécessaire, le mal-être est en hausse suite à la pandémie.
Nous avons rappelé que la fidélisation des personnels passe par un traitement équitable – par exemple dans l’octroi de la prime informatique à tous les personnels, y compris recrutés localement, et par un avantage familial qui couvre tous les frais de scolarité des enfants des professeurs. Certains professeurs sont malheureusement forcés de scolariser leurs enfants dans des écoles locales ce qui est une aberration. Si nous saluons le forfait mobilité mis en délibération à ce CA, nous regrettons qu’il ne concerne pas les enseignants locaux.
Enfin, nous avons rappeler le rôle des conseillers des Français de l’étranger et le besoin d’une circulaire envoyée à tous nos établissements scolaires afin que les conseillers soient invités aux conseils d’établissement. Ces derniers ont tout à gagner de leur expertise et de la connaissance des familles.
Nous avons demandé s’il existait un accord entre l’UFE et l’AEFE suite à la publicité publiée sur le site de l’UFE et qui propose un tarif préférentiel aux adhérents de l’association qui scolarisent leurs enfants dans l’établissement français au Pérou.
Enfin nous avons demandé si un bilan pouvait être fait sur le développement des partenariats et des homologations et les premières conclusions que nous pouvons en tirer pour la suite.
Nous avons rappelé les sujets centraux que nous ont transmis des élu.e.s dans le monde.
Premièrement, de nombreux pays sont en crise. Les inquiétudes sont profondes depuis le Liban où les difficultés semblent s’installer durablement malgré la perspective de l’élection présidentielle. En Ukraine, la situation est complexe pour la vie des deux établissements qui continuent à assurer l’enseignement des élèves. Nous rendons hommage à l’engagement de la communauté éducative qui fait preuve d’un grand courage. Nous n’oublions pas les difficultés que connaissent nos établissements en Russie et en particulier celui de St Petersbourg
Deuxièmement, le thème central reste celui de la hausse des frais de scolarité dans un contexte d’inflation difficilement maitrisé dans certains pays. Et justement, nous regrettons que l’enveloppe des bourses qui est censée accompagner cette hausse pour les plus modestes de nos compatriotes, reste stabilisée au même plancher que l’année antérieure, ce qui crée déjà des tensions importantes. Plusieurs postes diplomatique ont informé les élus de la tenue d’une réunion sur les bourses organisée en présence des consuls généraux et des responsables des affaires sociales dans le monde, le 10 février 2023, où des consignes d’une extrême dureté auraient été communiquées, ce qui nous inquiète fortement. L’inflation touche tous les personnels quels que soient leurs statuts, plus particulièrement les personnels de droit local dont la masse salariale semble trop souvent être la variable d’ajustement qui permet de boucler les exercices financiers.
Troisièmement, en Espagne, l’on observe une émotion ou plutôt une levée de boucliers forte. Les parents et les personnels, ont eu la surprise de découvrir au détour des pages du dernier rapport d’activité de la MLF, un projet de dé-conventionnement de 2 établissements importants, à Villanueva dans la périphérie de la capitale mais aussi à Alicante, cœur de la présence française importante depuis les années 1960. La méthode choisie, sans dialogue avec les acteurs concernés, est plus que surprenante et dans un réseau scolaire qui a suffisamment de défis à relever, pourrait être qualifiée au moins d’erreur de communication… L’ensemble des acteurs, y compris le Poste se mobilisent face à cette très mauvaise perspective qui affecterait l’image de l’ensemble du réseau AEFE en Espagne. On a promu l’homologation et l’ouverture d’établissements dans le monde à moyens constants. Mais, il ne faudrait pas laisser à leur sort des réseaux historiques où la France a construit une coopération culturelle séculaire. Il suffit de voir la situation financière et les problèmes des établissements de la MLF, déconventionnés il y a 20 ans, pour comprendre l’inquiétude de l’ensemble de la communauté scolaire de ces 2 lycées. Il faut donc un soutien clair et franc de l’Agence pour le maintien du conventionnement de ces deux établissements.Quatrièmement, la question de la santé mentale et du bien-être de nos élèves sont deux thèmes centraux que nous avons abordés. La commission enseignement/culture/médias de l’Assemblée des Français de l’Etranger a lancé une réflexion sur cette question. De nouvelles tragédies se sont produites dans le réseau à Bruxelles, à Madrid, à Londres. Chaque cas de tentative ou de suicide de nos jeunes est singulière et liée à une multitude de facteurs. Mais il existe pourtant des signaux préoccupants dans la tranche d’âge des lycéens depuis la pandémie, comme le rappelle la psychiatre Florence Butlen de l’Agence Européenne du Médicament que nous avons auditionné à l’AFE en octobre dernier.
Enfin, il existe des préoccupations qui nous sont signalées pour les dossiers de demande de bourse concernant les AESH. Alors que nous sommes déjà à la mi-mars, les familles n’ont toujours pas eu de nouvelles, contrairement à ce qui avait été annoncé l’année dernière, sur l’accélération du calendrier. Ce sont les plus modestes qui en pâtissent bien évidemment. Même si on voit certains établissements les soulager du payement de la scolarité en attendant des nouvelles de Paris, ce qui pourrait devenir la règle générale.
Hélène Conway-Mouret et François Ralle.