Après Varsovie, où j’ai participé à un séminaire sur la défense européenne organisé par la Fondation Friedrich-Ebert-Stiftung, et Berlin, j’ai été très heureuse de poursuivre cette séquence européenne en me rendant en Suisse à l’occasion d’un colloque organisé par la Fondation Jean Monnet pour l’Europe afin de prolonger les discussions sur la sécurité et la défense en Europe et dans le monde . J’y ai retrouvé avec beaucoup de plaisir son directeur Gilles Grin.
Avec de nombreux spécialistes, nous avons évoqué deux thèmes qui me tiennent très à cœur : l’autonomie stratégique européenne, sur laquelle j’ai coécrit un premier rapport en 2019, et les relations transatlantiques qui ont fait l’objet d’un deuxième rapport que j’ai corédigé en 2022.
Ces deux sujets sont intimement liés. En effet, les difficultés d’adhésion au concept d’autonomie stratégique sont d’abord en grande partie dues à la relation intense mais complexe entretenue avec les États-Unis. De plus, nous sommes à un moment charnière de l’histoire européenne qui requiert une vision pour nous projeter dans les prochaines décennies et au-delà. Enfin, de nombreux experts en géopolitique s’accordent sur la possibilité sinon la probabilité d’une confrontation entre la Chine et les États-Unis. Ces trois éléments nous forcent à sortir de notre zone de confort dans laquelle nous sommes installés depuis 70 ans de paix.
J’ai ainsi pu défendre l’autonomie stratégique de plus en plus déterminée par la volonté d’indépendance de l’Union européenne dans le cadre de l’affirmation progressive de son projet en matière de défense. Portée principalement par la France, cette volonté émancipatrice vis-à-vis de l’OTAN contribue toutefois à dégrader les relations avec certains partenaires européens (Europe de l’Est et pays baltes) davantage rassurés par la protection américaine que par l’idée d’une défense européenne vue par ces derniers comme un moyen pour la France de défendre ses propres intérêts.
Reste qu’aujourd’hui, l’Alliance transatlantique est considérée comme la seule véritable protection contre les menaces majeures qui secouent nos sociétés, en atteste la demande précipitée de la Suède et de la Finlande de rejoindre l’OTAN. Il nous faut donc poursuivre les échanges pour dégager un consensus. L’UE et l’OTAN ont d’ailleurs déclaré en janvier 2023 de porter leur coopération à un « niveau supérieur ».