Au lendemain du putsch au Niger, le 27 juillet, j’ai réagi sur l’antenne de France Info pour évoquer la situation dans le pays qui reste très confuse. Le président Mohamed Bazoum est toujours retenu. Des pourparlers sont en cours. Aucune violence n’est pour le moment à déplorer.
J’ai rappelé que nous avions besoin d’un Niger stable dans une région incroyablement fragile. En attestent les coups d’état récents au Mali et au Burkina Faso. Les défis sur le continent sont immenses, tant sur le plan de la paix qu’en matière de développement. Malheureusement, nous pouvons nous inquiéter des affinités que les putschistes pourraient avoir avec des puissances étrangères telles que la Russie.
J’ai également évoqué nos quelque 1600 compatriotes établis dans le pays. Je suis en contact avec un certain nombre d’entre eux, dont le conseiller des Français de l’étranger Stéphane Julien, qui m’ont décrit une situation calme ce matin dans les rues de Niamey. L’ambassade de France au Niger suit de près la situation. Aucune consigne ne leur a été donnée pour le moment.
J’ai retrouvé l’antenne de France Info deux jours plus tard, le 29 juillet, pour analyser la situation politique et sécuritaire au Niger.
Il n’est pas acceptable qu’une garde présidentielle, pour un désaccord sur des nominations, se permette de dénoncer la politique sécuritaire du pays et en vienne à faire un coup d’État.
La France doit être la plus prudente possible mais également très ferme. Avec l’Europe, l’Union Africaine et la CEDEAO, nous devons collectivement montrer aux putschistes qu’ils sont isolés et que la communauté internationale est du côté du président élu Mohamed Bazoum.
Il faut espérer un dénouement positif avec le rétablissement de l’État de droit et la libération du président Bazoum. Les prochaines 48h seront critiques. La population nigérienne a tout à gagner de conserver son président qui a une vraie vision pour son pays.
J’ai réagi le 30 juillet sur BFMTV pour parler de la dégradation de la situation au Niger et des milliers de Nigériens qui se sont rassemblés devant notre ambassade de France.
Les putschistes craignent une action extérieure de pays voisins. Cette mobilisation est un signal envoyé à la communauté internationale qui a unanimement condamné ce putsch.
Si le Niger voulait se libérer de toute présence étrangère, pourquoi ferait-il appel à la Russie et huerait la France ? Les putschistes devraient se demander s’ils peuvent se passer d’une aide extérieure pour sécuriser leur territoire et pérenniser son développement.
La France a redéployé une partie de son personnel militaire au Niger car le président Mohamed Bazoum lui avait donné l’autorisation et pensait qu’il pouvait être utile dans l’appui aux forces nigériennes. Ce fut le cas puisque le Niger est un pays plus stable que ses voisins.
La situation est très bien gérée par l’ambassade de France et son ambassadeur Sylvain Itté. Des consignes de sécurité ont été envoyées aux Français du Niger. Nous devons espérer que la situation s’apaise et que la CEDEAO et la pression des pays africains mettent fin à ce putsch.
Nous devons lutter contre le terrorisme qui sévit en Afrique car il nous touche aussi en Europe. En luttant contre ce fléau, nous permettons aux populations d’Afrique de l’Ouest touchées aujourd’hui par le terrorisme de vivre chez elles décemment et en toute sécurité.
Soyons vigilants au fait que de nombreux haut gradés africains, dont ceux du Mali, du Burkina et du Niger, ont été formés en Russie, ce qui créé des liens. C’est une erreur de la France de ne pas avoir continué à former ces militaires dans nos écoles.
Dans la foulée, je me suis exprimée à nouveau sur France Info sur la manifestation devant l’Ambassade de France au Niger qui n’a rien de spontané. Les putschistes ont instrumentalisé la population nigérienne pour montrer qu’ils avaient son soutien en jouant sur le sentiment anti-français. Personne n’est dupe.
Je doute que les putschistes puissent, seuls, sécuriser le Niger et se passer des centaines de millions d’euros qui soutiennent le pays financièrement venant de la France & de l’UE. Ceux-là devraient se poser ces questions avant de se préoccuper de leurs ambitions personnelles.
L’évacuation de nos ressortissants est le dernier ressort. Ils sont aujourd’hui en sécurité et sont tenus informés par notre représentation diplomatique. Il faut espérer que la pression internationale permettra un retour à l’apaisement et non une instrumentalisation de la population.
Enfin, invitée de LCI le même jour, j’ai parlé de la préoccupation de nos compatriotes vivant au Niger. Il leur est demandé de rester chez eux par sécurité. Je suis la situation de près. Le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et l’Ambassade de France au Niger sont pleinement mobilisés pour protéger nos ressortissants.
Les putschistes instrumentalisent la rue. La Russie en profite pour déstabiliser encore un peu plus la situation et prendre la main le cas échéant. Je crois en la diplomatie. Il faut donner du temps à tous ceux qui font l’effort de résoudre cette crise de façon pacifique.
J’ai également réagi pour Public Sénat en évoquant les conséquences de cette crise sur l’aide au développement via l’AFD (lire l’article) ainsi que sur France Info radio, le 31 juillet, où j’ai rappelé que ce sont aux Africains d’apporter une sortie de crise et une solution au putsch militaire au Niger, et pas la France. Retrouvez l’intégralité de mon intervention dans l’enregistrement audio ci-dessous :