Mon déplacement à Beyrouth

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Pour conclure l’année 2023, je me suis rendue au Liban comme j’en avais formulé la promesse dix mois plus tôt, lors de ma dernière visite. Malgré la détérioration de la situation au niveau régional, une avancée politique majeure est à noter celle de la prorogation à la tête des forces armées libanaises du général Joseph Aoun. Un accord politique a été trouvé ce qui prouve que si la même volonté politique prévaut en 2024 l’élection présidentielle pourra être organisée. Le pays et la région ont besoin de stabilité. La recherche d’un accord sur la frontière sud pourrait alors être envisagé et aboutir comme celui des frontières maritimes. Le pays a besoin d’une relance de ses activités administratives et l’Etat de droit d’exister bien que les tensions entre Israël et le Hezbollah restent vives depuis l’attaque du 7-octobre, faisant craindre une dégradation des relations entre les deux pays mais aussi, par ricochet, une aggravation des problèmes socio-économiques pour une population déjà durement touchée.

J’ai débuté mon déplacement par une réunion de cadrage sur les affaires consulaires en présence du consul général, Julien Bouchard, de ses équipes et des conseillers des Français de l’étranger Denise Revers-Haddad et Lucas Lamah, Ghassan Ayoub, Ziad Nassour et Rola Abassi n’étant pas disponibles.

J’ai poursuivi ces échanges par une réunion avec les proviseurs des douze établissements français conventionnés au Liban en présence de la conseillère d’action et de coopération culturelle, également directrice de l’IF, Sabine Sciortino et son adjoint Guillaume Duchemin. Nous avons eu un excellent débat sur la place et le rôle de l’enseignement français au Liban.

Nous avons conclu cette journée par une réception à la Résidence des Pins en présence de l’ambassadeur, Hervé Magro, des élus consulaires et des représentants de la communauté française dont de nombreuses associations et ONG.

Le lendemain, je me suis entretenue tout d’abord avec le général Aoun sur la coopération militaire avec la France, puis avec Michel Moawad, député et président du Mouvement pour l’indépendance, avant de retrouver Walid Joumblatt, du Parti socialiste progressiste. J’ai également échangé avec Gebran Bassil, président du Courant patriotique libre (CLP), l’ancienne ministre de l’énergie Nada Boustany, pour enfin rencontrer le général Al Bayssary et le député Sélim el-Sayegh, également professeur de droit international.

Nous avons, avec tous mes interlocuteurs, discuté de la situation politique libanaise ainsi que de la situation à la frontière avec Israël, au sud du Liban. L’apaisement et la désescalade des tensions à cet endroit stratégique sont un préalable pour éviter tout enlisement par-delà les frontières du conflit entre Israël et le Hamas. A ce titre, la résolution 1701 des Nations Unies, qui vise à stopper le conflit israélo-libanais de 2006, peut servir d’objectif à atteindre.

J’ai également rencontré Raymond Bou Nader, maître de conférence à l’université Saint Joseph de Beyrouth et conseiller de la présidente du Centre de recherche et de développement pédagogique, qui a beaucoup œuvré dans l’organisation de ce déplacement, Catherine Bonnaud, directrice de l’AFD au Liban, et Erick Garnier, expert technique international auprès d’Expertise France et conseiller du ministre de l’éducation libanais.

Hélène Conway-Mouret: Ce qui se passe dans la région nous concerne tous

J’ai été ravie de pouvoir partager mes échanges et mon analyse sur le plateau d’Ici Beyrouth. J’ai justement pu évoquer, lors de cette interview, la prolongation du mandat du général Aoun, la situation à la frontière sud, la guerre entre Israël et le Hamas et la situation humanitaire extrêmement critique à Gaza, en insistant sur le fait que ce qui se passe au Moyen-Orient nous concerne tous.

Avant de quitter ce magnifique pays pour lequel j’ai un attachement particulier, j’ai rejoint l’ambassadeur de France à l’Hôpital gouvernemental de la Quarantaine, établissement public de référence pour les soins mères-enfants. Cette structure, très endommagée par l’explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020, a bénéficié d’un financement de l’Agence française de développement (AFD) pour sa réhabilitation. Après les travaux, cet hôpital a dû faire face aux défis liés à plusieurs crises dont le manque de personnel, la hausse du coût de l’énergie et la paupérisation de la population environnante. L’ouverture progressive a été possible il y a quelques semaines seulement ; le jour de ma visite, 15 enfants entre 8 mois et 6 ans étaient hospitalisés (sur les 90 lits disponibles), ainsi que quelques enfants en soins intensifs. A cette structure qui associe la prise en charge des mères et des enfants, est adossé un centre de santé primaire qui accueille la population environnante, adultes et enfants.

La France va poursuivre son appui en allouant une partie des fonds délégués par le Centre d’Aide humanitaire et de Secours du Roi Salman du Royaume d’Arabie saoudite à l’AFD (5,55M€). La Fondation Pierre Fabre pourra appuyer l’amélioration de la santé de la femme et de l’enfant en lien avec l’association ASSAMEH Birth & Beyond au sein de l’Hôpital de la Quarantaine. Ainsi, le projet contribuera à l’amélioration de la qualité de l’offre de soins et de la prise en charge de la femme, de la prise en charge des grossesses, y compris pathologiques, et des accouchements, l’amélioration du suivi et la prise en charge pédiatrique, faisant de l’Hôpital de la Quarantaine un hôpital de référence.

Mes échanges avec la directrice de l’AFD, Catherine Bonnaud, et le conseiller du ministre de la Santé, qui nous accompagnaient dans cette visite, m’ont permis de toucher du doigt la qualité du dialogue entre l’AFD et le ministère de la santé libanais, en particulier dans la mise en œuvre de ses stratégies des soins de santé primaire et d’appui aux hôpitaux. Le ministère compte faire de la crise une opportunité pour améliorer la qualité, entamer une rationalisation du système de santé, pour aller vers une gestion plus équitable des médicaments de qualité, et faire face à la fuite des ressources humaines du secteur public vers le secteur privé où elles sont mieux rémunérées.


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