Jeudi 10 avril, le Sénat a adopté la proposition de résolution visant à restaurer la sécurité en Haïti que je portais avec le groupe d’amitié France – Caraïbes que j’ai l’honneur de présider.
Depuis des mois, le groupe d’amitié France-Caraïbes du Sénat a mené des auditions, accueilli des conférences, travaillé avec le ministère de l’Europe et des affaires étrangères, avec l’ambassadeur de France à Port-au-Prince et avec l’ambassadeur d’Haïti à Paris. J’ai pu échanger avec le président du conseil présidentiel de transition haïtien, Leslie Voltaire, lors de sa venue à Paris le 29 janvier. Nous avons en outre rencontré la délégation haïtienne à l’occasion du dernier sommet de la CARICOM en février 2025, dans le but d’alimenter notre réflexion et de déterminer les axes d’action prioritaires pour accompagner Haïti, à la mesure de ses besoins actuels et des exigences de l’histoire qui nous unit.
D’une même voix, nous demandons un engagement fort de notre pays et de la communauté internationale en faveur de la restauration de la sécurité en Haïti, condition indispensable à toute sortie de crise politique durable dans ce pays frère, meurtri et épuisé mais digne et résilient.
Les gangs armés ont pris le contrôle de pans entiers du territoire, notamment à Port-au-Prince, où plus de 80 % de la capitale serait désormais sous leur domination. Ces groupes se livrent à des affrontements sanglants, contrôlent l’accès aux routes, aux ports, aux quartiers, ont même fermé l’aéroport pour un temps et commettent enlèvements, viols collectifs, assassinats ciblés, extorsions. Les violences ont fait des milliers de morts. Pour la seule année 2024, au moins 5 601 personnes ont été tuées, 2 212 blessées, 1 494 kidnappées. Ce sont des chiffres de guerre. Et pourtant, ce conflit ne dit pas son nom.
S’il n’existe pas de majorité au sein du Conseil de Sécurité pour avancer vers une véritable opération de maintien de la paix, comme le demande le gouvernement de transition haïtien, il nous faut réfléchir à des solutions alternatives qui permettront de répondre au besoin de sécurisation des financements. La proposition du Secrétaire général des Nations Unies, d’avancer vers un format hybride en créant un « bureau de soutien de l’ONU », permettrait de financer directement sur budget onusien toute la logistique liée à la mission internationale, notamment pour le logement, la nourriture, le transport et les communications.
La France a un devoir de fraternité, une responsabilité partagée car Haïti, terre de fierté et de douleur, a plus que jamais besoin d’un partenaire ambitieux dans sa vision et constant dans son engagement.
Retrouvez dans la vidéo ci-dessous mon intervention durant le débat :