Le Livre blanc pour une défense européenne, le premier du genre, présenté par la Commission, est l’affirmation d’une volonté politique claire et assumée, en réponse à ceux qui veulent nous voir divisés. Mais l’ambition ne suffit pas : encore faut-il s’en donner les moyens.   

Il est possible de structurer une véritable BITDE grâce à des coopérations industrielles bilatérales ou multilatérales. Mais un obstacle persiste : celui de la concurrence intra-européenne entre nos industriels, en plus de la concurrence internationale. Il est donc nécessaire de revoir en profondeur les règles de notre marché intérieur pour aligner nos ambitions stratégiques et nos pratiques économiques ?

Face aux géants qui nous entourent, l’Union est un puissant levier pour faciliter ces coopérations, renforcer l’interopérabilité, réduire les coûts en évitant les achats concurrentiels, mais aussi soutenir les infrastructures à double usage pour la mobilité militaires et les communications.

Alors que la guerre économique est lancée et le lien transatlantique plus que jamais fragilisé, c’est le moment de renforcer nos partenariats, notamment avec le Canada ou le Royaume-Uni, qui, comme nous, doutent de la fiabilité de l’engagement américain.

Nous devons donc penser l’après. Cet avenir pourrait prendre la forme d’une alliance européenne, fondée sur l’acquis otanien avec ou sans les États-Unis, articulée autour des forces de dissuasion franco-britanniques, des capacités terrestres allemandes et polonaises et des capacités navales espagnoles, grecques ou italiennes. Dans ce paysage, la France a un rôle certain à jouer. Non seulement par son modèle d’armée complet, l’expérience de ses forces et l’excellence de son industrie. Mais surtout, par sa dissuasion nucléaire entièrement indépendante. Nous devrons poursuivre le débat, de manière collective et lucide, sur son rôle de potentielle clef de voûte de la sécurité du continent.

Retrouvez dans la vidéo ci-dessous mon intervention ainsi que mon échange avec le ministre délégué chargé de l’Europe, Benjamin Haddad :